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Critique de Tostaky0


Maîtres et esclaves, dans ce roman,  point de champs de coton ni de Grand méchant blanc.
Pas d'Afrique noire ni d'Amérique esclavagiste.
Ici c'est d'abord la province du Sichuan, où naît en 1950 celui que l'on suivra tout au long du récit. Kewei, fils de paysans, enfin, d'une mère paysanne, parce que le père,  lui ne pense qu'à dessiner des oiseaux.
Kewei montrera très tôt des prédispositions pour le dessin ce qui lui vaudra d'être repéré par un garde rouge qui facilitera son départ pour une grande école d'art de Pékin.
Au-delà de la petite histoire de ce personnage, c'est la Grande que développe Paul Greveillac.
De la politique du "grand bond en avant", (si ça ne vous dit rien je vous invite à consulter vos dictionnaires, encyclopédies ou autres Wikipedia, vous risquez comme moi d'apprendre des choses effarantes), qui causa la mort de dizaines de millions de chinois, aux événements tragiques de la Place Tian'anmen , en passant par la "grande révolution culturelle " chère à  Mao Zedong.
Pendant que l'Europe se reconstruisait dans une certaine euphorie d'après-guerre, la Chine vivait des heures sombres.
Paul Greveillac nous les rappelle au fil des pages.
Il nous raconte l'une des pages les plus dramatiques de l'histoire de notre monde.
On a arrêté, emprisonné, humilié, exécuté des hommes et des femmes.
On a créé et entretenu la famine qui poussa certains au cannibalisme.
En toute impunité on a détruit,  déchiré,  brûlé des oeuvres.
Par opportunisme ou par peur de représailles on a craché sur des hommes et des femmes, on les a insulté, battu, banni.
Mao et son petit livre rouge ont endoctriné tout un peuple épris de liberté le conduisant à l'asservissement.
Kewei est tantôt spectateur tantôt acteur.
Il comprend bien vite son intérêt à choisir le camp des maîtres du pays.
Même si, tout-puissant qu'ils soient, ceux qui dirigent peuvent se retrouver bien vite au bas de l'échelle.
Kewei est égoïste.
Enfin, le lecteur que je suis à bon rôle de penser cela, de mon fauteuil confortable, comment puis-je juger ceux qui ont vécu cet enfer quand nos dirigeants d'alors fermaient les yeux ?
Aurai-je moi aussi montré du doigt le belligérant Ou l'aurai-je protégé, secouru, caché ?
Greveillac ne fait pas le procès de son personnage il s'en sert pour nous guider dans cette Chine au passé douloureux.
Quand la Chine s'éveillera...le monde tremblera a écrit Alain Peyrefitte.
L'auteur de ce livre, nous ouvre les yeux.
Voilà par où sont passé les Chinois pour s'éveiller au monde aujourd'hui.
Je ne sais pas si nous devons trembler, mais ce que je retiens de ce magnifique roman c'est que le peuple chinois, lui, a dû beaucoup trembler pour en arriver là.
Ah ! J'allais oublié, ce roman parle d'art aussi.
D'art interdit, d'art modifié,  d'art conditionné, d'art autorisé. D'artistes muselés. Et enfin, d'art libéré...
Assurément l'un des grands romans de la rentrée.

Merci aux Editions Gallimard et à Babelio pour cette magnifique découverte littéraire.


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