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Critique de Bookycooky


‘I'm here to remember–all that I have been and all that I will never be again.'
« Je suis ici pour me souvenir de tout ce que j'ai été, et de tout ce qui je ne serais plus », dit Maurice, 84 ans. Dans un long monologue intérieur, assis sur un tabouret d'un bar d'hôtel ( et pas n'importe lequel !) d'un bourg irlandais, alternant bières et whisky , il s'adresse à son fils Kevin qui vit aux États Unis. Veuf, il a tout vendu et s'apprête à partir...... en maison de retraite. Au crépuscule de sa vie, portant un dernier toast à chacun des cinq personnes qui ont le plus compté pour lui, il fait le bilan de son existence.
Une seule nuit ,
Toute une vie !
Un pareil sujet, sans le billet de ma redoutable copine babeliote nameless ( merci !), je ne l'aurais probablement pas lu. Trop triste, « Les Gratitudes » même court m'aurait amplement suffit pour un bon moment.....

Dans cette longue soirée, Maurice nous entraîne loin dans le temps, à son enfance dans une famille de fermier pauvre dans l'Irlande des années quarante, où la réforme agraire démarre à peine avec la ré-appropriation des terres aux paysans. Dyslexique, peu doué pour les études, il se retrouve vite, très jeune, garçon de ferme chez les Dollards, les grands patrons du coin, des gens violents, sans scrupules, où travaille aussi sa mère. Mais la Vie, malgré ses revers, réserve aussi de bonnes surprises, et de belles rencontres et même si Maurice y croit peu, la justice divine existe......que je vous laisse découvrir.

C'est une histoire irlandaise de perte, de douleur, de regrets ( Ai Maurice pourquoi faire le radin pour une simple tasse de thé Earl Grey au resto !),
mais aussi de bonheur et d'amour ( “There was a love but of the Irish kind, reserved and embarrassed by its own humanity”, -il y avait de l'amour mais de nature irlandaise, réservé et embarrassé par sa propre humanité-),
celle d'un homme qui sait à peine lire et écrire, mais qui aime faire des contrats, même et surtout avec Dieu,
celle aussi d'une famille, d'un couple et d'un pays.
Un livre émouvant, riche en anecdotes, dont celle de la pièce d'or à l'effigie d'Edward VIIII, fil rouge du récit. Une prose claire et fluide qui ne laisse aucune ambiguïté à l'expression des sentiments, dans un pays où pourtant ils le sont. Décidément les auteurs irlandais sont doués pour se mettre dans la tête du sexe opposé à la leur; récemment Donal Ryan dans la tête d'une femme, ici Griffin dans la tête d'un homme, chapeau !
Et bravo pour ce premier roman considéré comme phénomène littéraire dans son pays, à la tête des meilleurs ventes. Comme quoi les irlandais ont un très bon goût littéraire 😀!


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