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Critique de jpguery


Le deux juillet 1816, la frégate la Méduse s'échoue sur un banc de sable au large des côtes africaines et l'insuffisance des canots de sauvetage obligent 150 passagers à prendre place sur un radeau de fortune sans gouvernail. Quinze jours durant, le radeau surchargé et menaçant de couler dérive dans l'Atlantique. Affamés et assoiffés, les naufragés ne tardent pas à s'entretuer pour leur survie ou se suicident par désespoir. Au fil des heures, le cauchemar s'intensifie et la folie guette les survivants qui en sont réduits à se livrer au cannibalisme pour ne pas mourir. Seule une quinzaine de marins réussit à rejoindre la côte du Sénégal dans un état déplorable et ce drame inspira le jeune peintre Théodore Géricault qui immortalisa le célèbre naufrage.
Parmi les rescapés figurait l'arrière-arrière-arrière-grand-père de Clarisse Griffon du Bellay qui, en 1818, avait annoté scrupuleusement le récit officiel du naufrage et de ses conséquences. Ce document familial qui se transmet de génération en génération mais reste toujours confidentiel, a inspiré à la jeune sculptrice sur bois une oeuvre originale et ce court roman à mi-chemin entre analyse du drame et introspection personnelle.
En s'appuyant sur le contenu de l'ouvrage annoté, l'autrice évoque évidemment le calvaire que vécurent les naufragés, développe les situations les plus critiques, imagine les non-dits et les souffrances cachées. Deux siècles plus tard elle essaie de comprendre le désespoir qui conduit les plus affamés à manger des cadavres. Et cette recherche très intime nourrit sa propre vision de la mort (Je l'imagine brutale. Je pense à la putréfaction, à l'odeur, à la perte de cohésion)
En italiques elle partage ses ressentis intimes (elle n'existe que parce que son aïeul a commis l'insupportable), ses angoisses d'artiste, ses craintes et ses cauchemars.
Au fil des pages, on découvre le processus (et les affres) de création de son oeuvre, le radeau de la Méduse mais également Les peaux, toujours en taille directe de bois.
L'autrice se met à nu dans cet ouvrage sensible pour exorciser ce terrible secret de famille.
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