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Critique de wiggybis


Oh que cette lecture fut laborieuse !

Je n'avais jamais lu un livre dans lequel j'avais l'impression de me disputer avec l'auteur à chaque page. Je vous offre quelques exemples…

À propos de la causerie d'avant-match, l'auteur demande si : “L'entraîneur n'aurait-il pas à gagner en limitant ses prises de parole ?” Alors quel est son rôle s'il ne communique pas avec ses joueurs ? A-t-on jamais vu un chef d'orchestre lever sa baguette le moins possible pour permettre à ses musiciens “de jouer dans les meilleures conditions psychologiques” ?

Je ne sais pas si Christophe Grimpret plaisantait mais si ce n'est pas le cas, il se montre vraiment très littéral. Au sujet de l'expression “On n'a pas le droit de perdre !”, il affirme : “Les interdictions sont écrites dans les lois. Or, nulle part dans les dix-sept lois de jeu, il est fait mention de l'interdiction de perdre.” Monsieur Grimpret, cette expression est faite pour motiver, mettre les joueurs dans un état d'esprit gagnant, aucun coach n'a dit à ses joueurs qu'il était interdit par la ligue de perdre.

Pour ce qui est du recrutement, l'auteur trouve qu'il s'agit d'une très mauvaise idée de le faire en cours de saison car les nouvelles recrues risquent d'envoyer les anciens titulaires sur le banc et ce serait injuste pour eux. Je suis une fois de plus en désaccord car le but d'un entraîneur est de faire les meilleurs choix pour le club alors si engager une nouvelle bonne recrue peut permettre à l'équipe d'avancer positivement au risque de heurter l'ego de ceux qui ne mouillent pas le maillot, tant pis pour ces derniers. Un peu de concurrence ne peut que motiver à se battre pour sa place au lieu de se reposer sur ses acquis.

Dans le chapitre consacré aux aspects individuels et collectifs, l'auteur se noie dans des débats sémantiques. Pour faire très court, il écrit que “L'action de celui qui décide d'éliminer seul un adversaire est une formidable action collective.” …Pas pour moi. L'action d'un seul joueur est une décision individuelle prise pour le bien du collectif.

L'auteur essaye d'être pertinent à coup de Lapalissades : “Jouer à une ou deux touches de balle, un senior de niveau départemental sera dans l'incapacité de le faire si on le plonge dans un jeu de conservation avec des joueurs professionnels, parce que cela va trop vite pour lui. Et pourtant, il y arrive avec ses partenaires, à l'entraînement.” Ah, moi qui pensais que mon voisin Jean-Michel avait toutes ses chances aux côtés de Mbappé.

Ensuite, l'auteur nous parle de la pyramide de Maslow et s'ensuit un débat philosophique dans lequel il écrit que “La motivation ne se décrète pas, elle se construit ou se détruit au gré des relations humaines.” Ce que je trouve très discutable.

Pour la gestion des émotions, je ne comprends pas pourquoi il prend l'exemple d'un joueur qui pleure de déception suite à une défaite (ce qui n'entache pas son comportement pendant le match) et cite l'exemple de la remontada, qui justifie effectivement sa place dans ce chapitre puisque la remontada s'est effectuée en cours de match grâce à l'effet du mental contagieux de Neymar.

Je trouve également curieux que dans ce livre consacré au football, l'auteur nous explique sa théorie avant de citer des exemples au rugby, notamment page 84.

Je sais que votre lecture devient longue mais à défaut de pouvoir recopier l'entièreté de ce qui me pose problème dans ce livre, j'aimerais terminer avec deux derniers passages.

L'important c'est de participer - “Le coach court après les victoires et c'est bien normal, mais jusqu'à quel prix ? Celui qui rentre cinq ou dix minutes a participé, mais il n'a pas eu le temps d'exister. L'important c'est d'exister. En tant que coach, suis-je prêt à priver un jeune d'existence pour satisfaire mon besoin de victoire ? Faites votre choix.”
Que suggère-t-il alors ? Rien. Il nous fait une leçon de morale et puis s'en va.
Il n'y a aucun sens à changer la feuille de match à chaque rencontre pour que tous les joueurs aient exactement le même temps de jeu à la fin de la saison quitte à finir en bas du classement. Bien sûr qu'un coach est là pour gagner et si un jeune joueur se démoralise car il n'est pas encore titulaire, il montre qu'il n'a rien compris au sport. Par ailleurs, même sur le banc un joueur peut avoir un rôle capital rien que moralement. Les joueurs de vestiaire sont souvent décisifs.

Pour finir, quelle ne fut pas ma consternation en lisant le nom d'Oussama Ben Laden. Comment passe-t-on d'idées reçues sur le foot à un ignoble terroriste ?
Les footballers n'ont rien dans la tête - “On n'apprécie pas leur façon d'être, ce qui ne signifie pas pour autant qu'ils soient dépourvus d'intelligence au sens strict du terme : être capable de relier des choses entre elles pour agir. On peut très bien être à la fois intelligent et le pire des tyrans. Oussama Ben Laden a malheureusement dû faire preuve d'intelligence pour servir ses conceptions fanatiques.” L'auteur pousse vraiment la comparaison trop loin. Il avait pourtant le choix dans les exemples de boulettes extra-sportives de joueurs…

Allez, je m'arrête là !

Malheureusement, je suis extrêmement déçue par cette lecture et ne me vois pas la recommander à qui que ce soit.
J'adresse néanmoins mes remerciements à Babelio et aux éditions Amphora pour l'envoi de ce livre.
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