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Critique de Gonavon


Relu purement pour la nostalgie, puisque ce livre et quelques autres ont été la raison de mon amour de la Fantasy, la « piqure » pour ce genre que j'ai eu quand j'étais au secondaire.

LE LIVRE :

Un beau petit objet. Rien d'extraordinaire, mais il est à noter que j'ai une copie usagée, qui semble dater de la traduction de 1995. Un vieux livre, donc, mais le mien est dans un état remarquable, j'ai vu beaucoup de livres plus récents qui avaient pire mine. Je ne sais pas si ça a rapport à la durabilité de l'objet, ou au fait que personne a dû y toucher pendant quelques décennies. Quoiqu'il en soit, la couverture est belle, l'art dessus est bien foutu, par Clyde Caldwell qui était très prolifique à l'époque avec la licence D&D.

LE TEXTE :

Commençons par l'intrigue en soit. Elle n'est pas mauvaise, et elle a le mérite d'être accrocheuse au début, de quoi garder l'intérêt du lecteur facilement. L'aspect mystère commence prometteur mais ne fait que se découdre plus l'histoire avance, et sa résolution, même quand j'étais adolescent, m'avait surtout laissé confus et ambivalent. Je sais que c'est un univers Fantasy, mais même là, la façon dont c'est présenté est un peu farfelue et tirée par les cheveux.

Pas une conclusion particulièrement satisfaisante, mais l'histoire a au moins le mérite d'être gorgée de péripéties aventureuses; je dirais que c'est l'épitomé de l'aventure classique, ce qui s'imaginent les gens non-initiés quand on leur dit « Donjons et Dragons ». Archétypique, donc, oui, mais je ne dirais pas que c'est stagnant. Il y a plein de clichés, mais la plupart sont utilisés de manière adéquate, pas au détriment de l'histoire.

Les personnages sont biens, le quatuor principal m'était longtemps resté à l'esprit. Dans ma relecture, mon opinion d'eux s'est un peu amoindrie, par contre; Alias a tendance, même au vu des circonstances, à être inutilement chiante; Akabar manque un peu de charme et surtout de motivation à partir avec Alias; Olive Samovar perd vite son charme rebelle et devient bien vite gossante. Il n'y a que Chair-à-dragon qui retient toute mon appréciation, mais je ne l'attribuerais pas autant à la qualité de son personnage, mais plutôt à la qualité que moi, en tant que lecteur, y attribue, puisqu'il est muet, donc plus intéressant à interpréter, et parce qu'il est bestial et unique, donc plus captivant à regarder.

Passons au style. Il n'est pas celui d'amateurs, je peux au moins le dire avec certitude, je n'ai rien ici à déchirer en morceaux, ça ne me faisait pas mal ni outrance de le lire, contrairement à d'autres livres où je roulais sans cesse des yeux et m'élançait dans de longs diatribes. Cependant, ce style n'a rien de particulier. Il est comme un craquelin, sans grande saveur, sans grands calorie, sans grand intérêt. Il fait le boulot, c'est à peu près la seule bonne chose que je peux dire dessus.

Mais il ne fait pas tout le boulot qu'il y a à faire. Il garde la même cadence et la même mesure étranges même quand le ton des scènes change, et j'ai toujours l'impression qu'une phrase sur deux a été coupée par l'éditeur. Autant dans les descriptions de lieux, on peut le pardonner, mais dans les batailles, tout va trop vite, tout est trop simplifié et sans verve, tout va en accéléré. Ce qui est bien dommage, puisque l'influence d'Épée et Sorcellerie est principale chez les auteurs, et l'attrait de ce genre, d'habitude, c'est de bonnes grosses scènes de bataille remplies de fougue. le style peut au moins se vanter d'être bref et facile à digérer, mais ce mérite est aussi un défaut; ne pas méprendre bref pour concis. Fondamentalement, il y a un manque de substance à mes goûts.

Maintenant, le contexte de l'histoire. Ceci est un produit D&D et ça parait, et même si c'est né de passion, ça reste très… plastique. Je préfère les univers nés d'un seul écrivain, non pas un ramassis bordellique né d'une pléthore d'écrivains aux talents variables et inégaux, qui se fait constamment changer et mettre à jour (pour aussi dire dénaturer). Quoi de plus, Royaumes Oubliés, et à peu près tout ce qui concerne D&D, est juste douloureusement générique, pâle, sans saveur; tout y est, et pourtant rien n'y est. C'est comme un Disneyland, tout parait contrefait, artificiel, loti d'artifices quétaines.

Il y a l'argument que, forcément, parce que c'est D&D, c'est normal que ce soit générique. Après tout, c'est eux, selon plusieurs, qui auraient inventé et codifié ces clichés et normes. Je ne suis pas de cet avis, je dis que c'est eux qui ont réuni tous les clichés et les ont rendu populaires, mais rien de plus. Et même si c'était à eux qu'il fallait tout attribuer ça, ça n'excuse pas le fait que je n'y vois quand même pas grand mérite. Howard, par exemple, a codifié un sous-genre et l'archétype du barbare, mais ça n'empêche pas que les récits de Conan sont toujours, même aujourd'hui, intéressants et plaisants à lire.

Tout ça pour dire que je vois D&D comme le Walmart de la Fantasy.

PLAISIR DE LECTURE :

Ce livre est du popcorn. Pas mauvais en soit, mais on devrait juste en prendre de temps à autres, et ça ne constitue pas un vrai repas, ni un dessert digne de ce nom. Pour une petite visite de nostalgie, je n'en ressors pas déçu, même si ce livre avait fait une forte impression sur moi; j'y suis revenu en me souvenant que c'est D&D, donc je crois que la lentille nostalgique n'a pas trop craqué. N'empêche, je le cote pour ce qu'il est réellement, donc deux étoiles.
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