AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de verobleue


L'auteur, Yves Guégan, psychosociologue français, est un ancien professeur de lettres et formateur des enseignants de CFA (centres de formation des apprentis). Il a développé une expertise sur la motivation des apprentis, la conduite de la classe et la gestion des comportements difficiles.
Ce livre écrit en 2008, fait partie de la collection «Pédagogies » et propose aux éducateurs, qu'ils soient enseignants ou parents, des livres mêlant réflexion et moyens pratiques afin de permettre de comprendre certaines situations et d'y intervenir en toute conscience.
Dans le domaine de l'enseignement et de l'éducation, pour être fructueuse et productrice de résultats, la relation pédagogique doit impérativement reposer sur deux prérequis essentiels : une communication claire, franche et directe et une volonté de dialogue et d'écoute.
Pourtant, des éléments extérieurs (difficultés d'apprentissage, malentendus, incompatibilité d'humeur, …) viennent interférer et perturber cette relation entre l'enseignant et l'apprenant.
Du fait de ces éléments ou facteurs extérieurs, l'apprenant développe (consciemment ou inconsciemment) une attitude de résistance presque normale qui conduit au blocage de cette relation pédagogique.
Apprendre est reconnu comme une aspiration universelle mais c'est un vrai travail qui demande temps et efforts et vis-à-vis duquel le risque d'échec est réel et la compétition souvent omniprésente. Ces contraintes amènent l'enfant à opposer une résistance, caractéristique universelle de l'enfance qui permet d'obtenir la conscience de soi. le plaisir de « s'affirmer contre » ou encore la source de l'identité sont des moyens de cimenter le groupe ou la classe dans la naissance du sentiment de solidarité réactive.
L'auteur propose différentes pistes et parle d'autorité, de persuasion et de ruse.
L'autorité est indispensable pour fixer des repères sociaux pour assurer la sécurité des plus faibles contre la pression du groupe (moqueries, violence, intimidation) et si l'autorité de l'adulte s'efface, elle peut occasionner un sentiment d'insécurité. L'autorité légitime procure une vertu libératrice, canalise l'effervescence des ados et établit un équilibre entre un ordre nécessaire et un désordre intolérable et garantit un espace qui permet l'expression libre de tous.
Si la contrainte est perçue comme un instrument de travail et non comme une brimade l'adhésion des élèves sera raisonnée.
La persuasion bénéficie d'une image positive et est l'outil d'influence le plus privilégié. Elle fonctionne sur le principe de l'adhésion c.à.d. faire coopérer l'enfant sur la base d'une logique partagée afin d'atteindre les objectifs éducatifs.
Le cours n'est pas une transmission neutre d'informations : le maître a un rôle d'incitation et la pédagogie devient l'art de convaincre l'élève d'accepter de nouvelles connaissances. On n'enlève pas à l'enfant le droit au doute ou à l'objection. le juste milieu est un raisonnement combinant adhésion et sens critique.
Pour que le professeur réussisse à persuader l'élève, il doit combiner un message cohérent, une image de compétence, une relation pédagogique de qualité au point de vue affectif.
La persuasion repose sur la qualité de la relation enseignant-enfant pour réguler les comportements des élèves. La relation éducative doit être bonne sinon l'élève aura tendance à se refermer et à rejeter toute idée ou toute indication mettant en cause sa liberté et son identité.
Autorité et Persuasion doivent être visibles pour être comprises.
Dans les relations éducatives conflictuelles, la persuasion est sans effet. le rapport de force en effet détruit l'adhésion. L'enfant rejette d'office l'argument du professeur et utilise la mauvaise foi pour préserver son point de vue et sauver la face.
Recourir à la ruse permet d'obtenir l'adhésion de l'enfant sans violence, sans contrainte visible, c'est le faire participer en lui donnant le sentiment qu'il pense et agit en toute liberté, qu'il prend ses décisions de manière autonome. La ruse donne de la satisfaction, de l'engagement et de la responsabilité.
La ruse est une tactique légitime d'influence à laquelle l'enseignant peut recourir lorsque l'objectif visé est éducatif et dans l'intérêt de l'enfant. Ce qui est légitime c'est la ruse bienveillante, celle qui ne vise pas le confort ou la puissance du maître mais bien l'intérêt et la réussite de l'élève. Ses avantages sont multiples : elle n'utilise pas l'autorité, elle surmonte les oppositions en changeant le regard de l'enfant sur le travail scolaire, elle stimule le travail scolaire en inventant des solutions pédagogiques originales et inattendues, elle travaille pour le maintien d'une coopération.
L'art du camouflage est essentiel car il est indispensable que la ruse reste invisible pour donner des résultats.
La ruse est une bonne tactique d'évitement du conflit. Grâce à elle, on peut renoncer à l'autorité par crainte du rapport de force. Elle permet également d'éviter l'enlisement créé par la surenchère argumentative quand on a épuisé toutes ses ressources persuasives. Enfin, elle active le désir d'apprendre lorsque l'exigence d'indépendance individuelle est particulièrement solide comme chez les adolescents.
Pour provoquer un changement comportemental c.-à-d. viser le désir de l'élève plutôt que de s'y opposer, l'auteur propose trois techniques de ruses : le sens de la mise en scène, le détournement de l'attention et la technique de l'amorçage. L'auteur propose un panel de cent ruses avec, pour chacune, un témoignage d'enseignant. Je ne vais pas les exposer ici, c'est tout l'avantage de lire le livre.
On se rend compte que dans notre société actuelle, avec les modèles mimétiques de l'enfant et de l'adolescent, l'autorité et la persuasion ne permettent plus à l'enseignant de mener à bien sa mission.
Le recours à la ruse offre donc à l'enseignant une large palette de moyens non coercitifs pour contrer les résistances naturelles de l'enfant, pour attirer son attention et raviver son envie d'apprendre, pour désamorcer les conflits et donc pour assurer sa mission.
Enfin, l'auteur nous avertit, avec raison, que la ruse n'est pas à la portée de tous. Elle demande des facultés d'adaptation et d'anticipation de la part de l'enseignant et doit surtout s'utiliser de manière ponctuelle.




Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}