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Critique de Itenarasa


De l'enfermement à l'enfer

Lorsque plusieurs adolescentes anorexiques disparaissent et que la gendarmerie locale piétine sur l'enquête, c'est au Commandant Lanester, expert en criminologie analytique, que l'on fait appel. Lui et son équipe de spécialistes débarquent dans les Alpes, à contrecoeur. Sous la pression d'en haut, Lanester devra rapidement établir un profil du coupable, faire avancer l'enquête et résoudre le mystère de ces disparitions qui, sous des dehors de simples fugues, présagent de pire. La tâche paraît compliquée : pas de cadavres, trop de pistes. Sur la sellette, Lanester et son équipe réussiront-ils là où d'autres ont échoué?

Parcourir les allées du Festival du Quai du polar. S'arrêter timidement devant une auteure qu'on ne connaît pas (encore) et qui présente ses romans qu'on ne connaît pas (encore). Taper la causette à leurs sujets, de manière tout à fait sympathique et non sans humour. Repartir sur les recommandations de l'auteure avec ce roman, Cherche jeunes filles à croquer plutôt que A la vue, à la mort (1er opus des aventures du commandant Lanester). Et lire cette dédicace mystérieuse, qui sonne comme un défi : "mais qui CHERCHE des JEUNES FILLES A CROQUER? Devinez! Cherche lectrice avisée capable de décrypter de ce titre l'équivocité!" Vous imaginez bien ce que ce message a provoqué et d'intérêt et d'émoustillement (dans son sens second).^^

Pourtant j'ai laissé passer du temps, plusieurs mois même, avant d'ouvrir le roman. Peut-être même qu'il serait encore sur le bureau, au milieu des autres livres de ma PAL, criant à chaque passage "mange-moi, mange-moi!" (oui je personnifie mes livres, je leur octroie même une âme. Ôô) si Ingrid ne me l'avait proposé pour le challenge LDPA7. Mais je vais vous dire ce n'est pas plus mal, parce que si je l'avais lu dès mon achat, j'aurais donné un autre sens à ce titre et je n'en aurais pas saisi "l'équivocité" suggérée par Françoise Guérin. Alors que là, ça a fait tilt dans ma 'tite tête tout d'suite et je n'avais qu'une hâte en entamant le roman : voir si j'étais sur la bonne piste. Je n'en dirais pas plus mais sachez que je n'ai pu résister à la tentation d'écrire un petit mot à l'auteure quand j'ai été quasi certaine de ne pas m'être fourvoyée... Ah quel pied!

Bon si j'arrêtais de digresser et que je vous parlais un peu de ce roman?

Il s'ouvre sur une séance entre le commandant Lanester et sa psy. On comprend que l'homme n'est pas très bien dans ses baskets et quelque peu en souffrance (ah cette image tenace du flic torturé...). Je crois comprendre que cela a un lien avec l'affaire de A la vue, à la mort. Là, je me dis "aïe" et du coup, j'ai un peu peur que ça me manque de ne pas avoir lu le précédent roman.
Je passe outre cette appréhension et je poursuis ma lecture. Un tantinet dubitative, je suis dans la position attentiste de celle qui se demande si l'enquête va décoller et quand. Et puis, je cesse d'être impatiente, je laisse les choses se mettre en place, se construire comme il se doit. Je comprends que c'est nécessaire parce que rien n'est simple et que je suis dans un polar psychologique qui met en scène une enquête complexe. Comme le commandant Lanester, il faut d'abord aplanir le terrain, remonter le fil de l'histoire, faire l'enquête à l'envers avant d'aller de l'avant. C'est sûr on rage, on voudrait voir les choses se débloquer plus rapidement, un peu comme tous nos enquêteurs d'ailleurs qui en ont assez de piétiner dans l'affaire. En plus, moi j'ai en tête ma petite idée de départ et rien ne vient encore l'étayer alors forcément, je trépigne, j'ai besoin de ce petit truc qui fait que je ne peux plus décrocher. Et il arrive tout à coup, au détour d'une page. Une information qui pourrait passer inaperçue mais qui allume toutes les lumières de mon plafond (j'étais en mode économie d'énergie jusque là, développement durable, sauvegarde de la planète, tout ça, vous comprenez...). Et donc, me voilà ferrée à l'histoire.

Petit à petit, je m'attache à Lanester, ce flic un peu paumé, en proie aux doutes. Je savoure les dialogues, nombreux, source de multiples informations sur les uns, les autres et qui me permettent, en plus d'élaborer ma propre théorie sur les disparitions, de cerner Lanester et ses équipiers. du coup, je me dis que ne pas avoir d'abord lu A la vue, à la mort ne gâche vraiment rien.
L'écriture gagne en puissance. On en apprécie la réflexion qui s'en dégage. La tension est là palpable dans les mots, les affrontements, les actions. On se surprend à souffler pour relâcher la pression. Je savoure donc pleinement mon roman. A l'image de Lanester, je m'attelle à rassembler les éléments, je construis mon puzzle. Je me sens un membre à part entière de son équipe et j'oeuvre à la résolution de cette enquête moi aussi. Quel superbe travail pointu, minutieux fait par l'auteure pour rendre celle-ci crédible, réelle. Rien n'est laissé au hasard. C'est très psychologique et on sent bien toute l'expérience professionnelle de l'auteure (nombreuses sont les cordes à son arc!). Pour qui aime plonger dans la tête des gens, profiler (pour emprunter un terme plus de séries télé policières) c'est un régal. L'enquête n'est pas dénuée de fausses pistes visant à troubler le lecteur dans son propre cheminement. Personne n'est exempt de soupçons... Ah que j'ai pu être ébranlée et mon cerveau malmené. Et quelle jubilation (et satisfaction toute personnelle) que de voir ma perspicacité récompensée à la toute fin. Bref, je finis conquise par ce polar psychologique (aurait-ce été différent si ma théorie eut été foireuse?). Il m'a demandé d'être patiente pour vraiment en goûter toute sa saveur. Belle découverte!
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