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Critique de clude_stas


Devenir célèbre grâce à un tsunami, impossible ? C'est pourtant le cas d'Hokusai (1760-1849). Une de ses estampes, « la Vague » est désormais le symbole même du japonisme, influence asiatique sur les artistes occidentaux de la fin du XIXe siècle. Mais l'art d'Hokusai vaut bien plus que cette élégante scène de naufrage.
Au Grand Palais, une vaste rétrospective est consacrée à cet artiste japonais (du 1 octobre 2014 au 18 janvier 2015). Hokusai est intimement lié à l'ukyio-e, mouvement artistique dominant la période Edo. Ces mots peuvent être traduits par « images du monde flottant », le monde préféré d'une bourgeoisie montante : animaux et végétaux, scènes érotiques et geishas, acteurs de théâtre, lieux célèbres, etc. Cette période est réellement un âge d'or de l'art graphique et des plaisirs raffinés. Et là, aux côtés d'Utamaro et d'Hiroshige, Hokusai, un vieil artiste, a créé une série de mangas (non, non, pas les bandes dessinées aujourd'hui populaires chez les ados). Bien des légendes courraient sur lui déjà de son vivant. Si bien que sa biographie plutôt bien connue peut se décliner en six périodes : Shunrō (1178-1794) – Sōri (1794-1798) - Katsushika Hokusai (1798-1810) – Taito – (1810-1819) – IItsu (1820-1834) – Gakyo Rojin Manji (1834-1849). Et il a participé à l'expansion de la technique de la xylographie en couleurs au Japon. Son recueil le plus célèbre est une série de paysages comprenant tous la silhouette reconnaissable du mont Fuji. Nous sommes là devant l'apogée de son art. L'un des aspects les plus étonnants de l'art d'Hokusai est qu'il participe à un effet «boomerang ». Je m'explique. Au Japon, arrivent, au XVIIe siècle, les Européens avec des livres et des gravures. Les artistes autochtones découvrent la perspective albertienne, la réinterprètent dans leurs estampes avec des maladresses, de mauvais raccourcis, des gros plans, etc. Ces mêmes estampes sont vendues par Bing à Paris aux esthètes et aux artistes impressionnistes. Ceux-ci s'en inspirent pour leur liberté d'expression spatiale. Retour à l'envoyeur.
Bref, ce numéro Hors-série de Beaux Arts magazine ne remplace certainement pas l'imposant catalogue de l'exposition mais peut initier certains néophytes aux fondamentaux de l'estampe japonaise. Les reproductions rendent avec beaucoup de volupté le bleu des gravures d'Hokusai, un véritable ravissement pour les yeux. Et le lexique en fin de volume est succinct mais utile pour ceux qui ne sont pas familiers du vocabulaire japonais.
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