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Critique de Syl


Fin août 477, en Armorique

Ninian, un moine d'un monastère du Mont Tumba, subit les vexations, les brimades et les privations de l'abbé Mewen son supérieur. Frère jumeau de la jeune Azilis (voir le premier tome de la trilogie), il ne trouve plus la paix et le goût de la prière. Depuis deux ans, sa vie est ponctuée de silence, de recueillement et de labeur mais tout est remis en question depuis l'arrivée de Chanao. Ce jeune moine a une emprise mystique sur Mewen.
"Il s'enorgueillissait d'une expérience dans un ermitage d'Armorique où les règles étaient plus sévères et le mode de vie plus strict. On y vivait de baies, de glands et de champignons, on y priait les bras en croix pendant des heures, debout dans l'eau glacée d'une rivière, pour mieux se pénétrer des souffrances de notre Seigneur Jésus-Christ, on se flagellait à la moindre pensée coupable, au moindre manquement à cette vie d'ascétisme et de pénitence."
Dissimulateur, jaloux, pervers et ambitieux, il guette les gestes et les faiblesses de Ninian. L'erreur survient un soir. Alors que le jeûne forcé affaiblit les frères du monastère, un tout jeune moine, Priscus, est surpris et accusé de vol de nourriture dans la réserve. La sentence sera le fouet et l'incarcération dans une cellule. Pour Ninian, le jugement est disproportionné et injuste. Manifestant son indignation, il se dispute avec l'abbé, et de paroles en gestes, devient responsable d'un accident qui entraine la mort du doyen.
La fuite est inévitable.

Ninian, le doux, l'émotif, le sage, s'échappe avec Priscus, tourmenté par toute cette violence et dépossédé de toute pensée chrétienne. Dépouillé, presque nu, il devra faire face au monde extérieur. Seule Azilis demeure dans son esprit.

Mars 478, à Ynis Witrin

Au-delà de l'océan, on pourrait dire dans un autre monde, Azilis porte désormais le prénom de Niniane. Magicienne dans l'art de soigner, elle se dévoue aux malades et continue de préparer ses potions. Assistée d'une jeune fille, Enid, elle gère sa maison avec générosité et intelligence. Un an a passé depuis son départ de la Gaule, une année qui l'a vue devenir femme et amoureuse. L'amante est douce, prévenante et très éprise, elle redevient Azilis dans l'intimité, seulement pour lui, l'homme qu'elle aime.

Dans ce paisible lieu, arrivent un jour Arturus, Caius et Myrddin. L'accueil est chaleureux car l'amitié qui les unit tous, est sincère et affectueuse. Lors d'une partie de chasse, le dux bellorum tombe et se foule la cheville. Il devra rester oisif une vingtaine de jours, à son grand dam. Mais la guerre se poursuit dans d'autres contrées et des places stratégiques sont à défendre, à reconquérir. le groupe éclate, se divise ; certains partent en guerriers, d'autres restent.
Niniane est alors confrontée au barde Myrddin. C'est un être ensorcelant. Avec ses yeux vairons, il capture votre entité, absorbe l'essence de la vie et fait frissonner Niniane. Pour lui, elle est "un signe des Dieux", son double, sa moitié, son égale et peut-être, un jour, sa maîtresse.
"Veux-tu que je t'enseigne mon savoir ? Je ne te mentirai pas, Niniane. Ce n'est pas une voie facile et sans danger. Il faudra m'accorder ta confiance. Pleine et entière. Il faudra être prête à affronter la peur, la douleur. Mais je sais que tu es capable de me suivre, voire de me devancer."
Durant l'absence de l'être aimé, Niniane se sent solitaire et désoeuvrée. Elle accepte les sollicitations de Myrddin en tant qu'élève. Tout un univers imperceptible, des connaissances divinatoires et secrètes s'offrent à elle. L'ultime étape de l'initiation, chevaucher le vent.

Parfois, des chemins nous sont proposés ; celui du devoir, celui de l'amour, celui du pouvoir. Azilis s'y perdra peut-être.

Ce second tome n'est pas décevant. J'aime cette histoire et les personnages. Dans l'âme de nos héros, il n'y a aucune veulerie, même dans le plus sombre des caractères. Ils sont à la fois forts et fragiles, faibles et puissants. Ce volet de la trilogie renvoie chacun à l'aventure, sur les mers, des champs de bataille, au carrefour de l'irréel. L'initiation d'Azilis par le mystérieux Myrddin détruit la genèse d'une belle histoire d'amour. Il y a une incompréhension, des doutes, des silences, des douleurs du passé, la jalousie, la noblesse et la bêtise du sacrifice, l'humilité, tout un ensemble de sentiments qui tourmente les protagonistes. J'ai aussi une petite pensée pour Caius, dont l'émouvante confidence à Kian, m'a émue. Dès le point final de ce billet, je rejoins le troisième volume d'Azilis.
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