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Critique de topocl


topocl
22 décembre 2015
le fait qu'il ait un enfer ne prouve nullement qu'il y ait un paradis !

En fait, ce qui éclaire le monde, ce n'est pas le soleil, c'est le feu de l'enfer.

On ne ressort pas de ce livre comme si on avait pris une claque ; on en ressort comme si on avait été roué de coups, qu'on vous avait abandonné au fond d'une cave humide et sombre, et qu'on en émergeait enfin, au delà du désespoir, partagé entre soulagement et culpabilité : ah bon, ce n'était pas moi…et impuissant face à ce constat .

Gazâ a survécu à sa première journée parce que son père a assassiné sa mère qui voulait l'enterrer vivant. Il doit donc désormais tout à ce père infâme et tyrannique, à la fois aimé et haï, passeur de clandestins en Turquie. Par le chantage affectif, la domination et la terreur, le père impose à son fils son destin : tu seras passeur mon fils, deviens fort, deviens dur, deviens insensible, prends plaisir à la manipulation des autres, oublie ta conscience, transforme ton pouvoir en haine et tu survivras. Dans quel état ? Roi ou bouffon ? quelle importance !

Aucun détail ne nous est épargné, de l'effroyable souffrance des clandestins ou de la désespérance mortifère et manipulatrice de Gazà. C'est d'une lucidité terrifiante, d'une obsessionnalité dans les détails sordides absolument plombantes. Jusqu'à l 'accident en forme d'apothéose apocalyptique, à la noirceur expressionniste, qui met fin à cet enfer.

Quand on a atteint ce stade là (à peu près la moitié du livre), on ne passe pas à de la lecture facile et douce, mais le plus dur est fait.
La société se donne facilement bonne conscience et veut croire qu'il suffit de donner sa chance à Gazà pour qu'il devienne un homme meilleur. Cela ne va pas être facile, on va passer par la drogue, la folie, la violence gratuite et le déchaînement haineux, et au bout de toutes ces épreuves, les dernières pages, vraiment les dernières pages, apportent une possibilité de rédemption.

Le message après avoir reposé le livre, bien pris son temps, avalé toutes les couleuvres proposées, laissé retombé la nausée, est peut-être un message d'espoir . Il faut cependant prendre une bonne distance pour arriver à cette conclusion. Dans cette société implacable, rejetante, égoïste à outrance se lèvent un ou deux passeurs de bonté, et ils peuvent , parfois, être entendus. Mais qu'il faut de la persévérance pour qu'émergent ces fragiles signaux bienveillants au milieu d'une fange de violence, d'égoïsme et de détestation !
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