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Critique de fabienne2909


Grande saga en vue avec ce roman choral qui se déroule pendant la guerre de Sécession et nous raconte la vie incroyable – et vraie – des soeurs Woolsey, des femmes fortes et en avance sur leur temps. Cela tombe bien, l'été est là, et selon TF1, c'est la saison propice pour ce type d'histoires.

Début 1861, la famille Woolsey, huit enfants menés par leur matriarche Jane, milite en faveur de l'abolitionnisme en offrant refuge aux Noirs affranchis ou en fuite à leur domicile de Brevoort Place, à New York. Si leur fortune provient de la culture du sucre, réalisée sur le dos des esclaves, les Woolsey tentent de faire amende honorable avec leurs différentes actions philanthropiques : Abigail et Jane s'occupent de l'orphelinat pour enfants de couleur, tandis que Georgeanna – dite Georgy – et Eliza sont infirmières bénévoles dès le début de la guerre, Georgy souhaitant même fonder à terme la première école d'infirmières. Leur frère Charley, quant à lui, s'engage avec enthousiasme dans l'armée unioniste, d'autant plus qu'au début de la guerre, tout le monde pensait qu'elle serait terminée en quelques mois seulement.

Mais le roman ne s'arrête pas à ces seuls personnages, et offre un panorama des deux côtés du conflit en décrivant la vie terrible de Jemma, une esclave appartenant à Anne-May Wilson Watson, et de celles de sa famille. Si ceux-ci avaient eu dans un premier temps une vie « un peu » épargnée par Tandy Rose, leur propriétaire initiale qui avait appris à lire à Jemma – certes pour que celle-ci lui lise la Bible, mais qui lui laissait accès à ses livres – et souhaitait les affranchir, la donne change à sa mort, quand Anne-May hérite de la plantation de tabac. Celle-ci est d'une terrible inhumanité envers ses esclaves, et leur rend la vie plus dure que jamais, accélérant leurs projets d'évasion, qui seront chamboulés par de sinistres contre-temps… tandis qu'Anne-May, d'une inconséquence regrettable une fois son mari parti à la guerre – du côté unioniste curieusement, la plantation étant située dans le Maryland, État frontière avec un pied dans chaque camp de la guerre –, commence à perdre pied et devenir incontrôlable, malgré l'aide que sa soeur Euphemia, bien plus tempérée et intelligente, souhaitait lui apporter.

Ces deux paragraphes ont été longs, mais pour autant je n'ai fait que résumer grossièrement les premiers éléments de l'intrigue tellement « le tournesol suit toujours la lumière du soleil » est riche en rebondissements, histoires secondaires, détails historiques. En effet, Martha Hall Kelly s'est incroyablement documentée et cela se sent dans ce roman qui apprend beaucoup de choses sur la guerre de Sécession, sachant qu'en outre il est fondé sur de véritables éléments biographiques concernant les soeurs Woolsey (par exemple, les lettres écrites par les soeurs les unes aux autres sont de véritables extraits !). C'est pour cette raison que je pardonne à l'autrice quelques éléments d'intrigue me paraissant incroyables et un peu cousus de fil blanc quand on sait qu'ils reposent sur de véritables actions menées notamment par Georgy, Eliza et leur mère.

J'ai apprécié cette retranscription qui a pris le soin de dépeindre toutes les faces de ce conflit avec justice, même si le manichéisme n'a pu être évité totalement (Anne-May et ses partenaires d'esclavage sont horribles et sans grandes nuances, les soeurs Woolsey n'ont aucun défaut sauf celui d'être un peu trop dirigistes avec les esclaves qu'elles sauvent, et encore il est souvent atténué par la mise en avant de leurs bonnes intentions), et d'être la plus honnête et humble sur la condition d'esclave – autant dire qu'on est loin d'« Autant en emporte le vent » et plutôt proches de « Twelve years a slave » – même si cela occasionne nécessairement des scènes assez dures à lire.
Malgré donc ce titre, « le tournesol suit toujours la lumière du soleil », qui dessert selon moi le roman en raison d'une tonalité plutôt feel good discordante – et bien qu'il constitue une référence historique aux tournesols qui servaient de repères à l'Underground Railroad –, j'ai passé un bon moment pendant la lecture de ce roman passé toutefois le premier tiers, assez lent dans son exposition des personnages. J'ai craint de m'ennuyer. Mais une fois ce cap franchi, tout s'accélère, et j'ai ressenti compassion et horreur pour cette honte qu'était l'esclavage, tout en étant divertie par cette histoire remplie d'aventures, d'histoire, malgré le soupçon, heureusement assez discret, d'eau de rose. Que demander d'autre à une saga ?
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