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Critique de delphp


✩ Présélection jury Grand Prix des lectrices ELLE 2020 ✩

C'est l'histoire d'un type, il s'appelle Mike. Mike est amoureux de Verity (apparemment c'est un vrai prénom...) qu'il appelle affectueusement (?) V.

Mike s'est construit entre une petite enfance maltraitée et une adolescence dans une famille d'accueil certes chaleureuse, mais pas suffisante.

Quand Verity, la belle blonde, fille de bonne famille, tombe amoureuse de lui, Mike décide de consacrer sa vie à la rendre heureuse.

Sauf que Mike est pas mal cinglé. Ou ne l'est-il pas?

C'est, en tout cas d'après la quatrième de couverture, tout l'enjeu de ce nouveau thriller estampillé "psychologique", genre qui semble très à la mode en ce moment, à défaut d'être pertinent...

Bon, on va pas se mentir, c'est pas très bon.

Côté style, rien à redire: c'est pas exceptionnel, mais on tourne les pages sans difficulté.

Le principal problème c'est qu'à un moment, on s'interroge précisément sur la raison pour laquelle on s'acharne à continuer de tourner ces pages...

Parce qu'il faut être honnête: il ne se passe absolument rien, sauf peut-être 15 pages de félicité aux deux tiers du roman.

On suit Mike qui suit Verity, Mike qui va au travail, Mike qui parle à sa voisine, Mike qui boit du vin (beaucoup), Mike qui suit encore Verity...

Je suis pas particulièrement anglophone, mais sauf erreur de ma part dans thriller, il y a thrill: excitation, frisson... Là en ce qui me concerne, à part un léger ennui, je n'ai pas ressenti grand-chose.

Je dois admettre que l'idée de construire le récit uniquement à partir de la pensée de Mike, sans aucune version objective, ou contradictoire, des faits, était plutôt intéressante.

L'auteure aurait pu nous faire sombrer avec son protagoniste, nous faire toucher la folie des doigts.

Mais le sujet est tellement délayé, c'est long, dieu que c'est long, et ça ne mène nulle part.

Pour être moi-même objective (encore que ce ne soit pas l'objet du présent), je dois préciser qu'il est possible que je sois passée à côté du livre, puisque j'ai lu à diverses reprises que le roman était très "ambigu" quant au rôle de chacun: Mike est-il un gros taré, ou est-ce Verity qui le manipule...

Cette ambiguïté repose intégralement sur le fait que Mike et Verity ont, ou ont eu donc, des pratiques privées proches de l'échangisme appelées "le jeu".

...

En ce qui me concerne je n'ai absolument RIEN trouvé dans le récit qui m'ait fait douter à un moment ou à un autre de la folie du personnage principal, dont on sait dès les premières lignes qu'il a tué quelqu'un.

Comment d'ailleurs serait-il possible de créer un tel sentiment à partir d'une seule vision subjective ?

Arrive quand même le dénouement, effarant, une fin complètement aberrante qui témoigne d'une méconnaissance du système judiciaire, fût-il anglais, assez gênante au regard des prétentions de l'auteure.

C'est donc un lecteur perplexe qui s'apprête à refermer l'ouvrage, dont il ne doute pas qu'il l'aura oublié d'ici quelques jours, quand arrive la postface, et là, comme on disait à mon époque, c'est le drame.

L'auteure enchaîne une série d'inepties et de lieux communs absolument affligeants sur le "processus de création", prétexte très peu subtil pour raconter sa vie son oeuvre qui rend le tout un peu prétentieux.

Enfin, et là les bras m'en sont tombés, Aramita Hall affirme sans ciller avoir voulu écrire un roman féministe, dénonçant les inégalités de jugement à l'égard des femmes à grands coups de lieux communs éculés et ouinouin Donald Trump il a battu Hillary Clinton...

Mais quand je lis, à propos de Mike: "plus qu'obsédé, je voulais qu'il soit vraiment amoureux, avec toute la folie qui va avec", là je suis en colère.

Parce que non, le harcèlement, ce n'est pas de l'amour. Tuer, ce n'est pas de l'amour. Globalement, la maladie mentale, ce n'est pas l'amour.

Il est quand même bien malheureux de lire ce genre de chose en 2019, venant d'une femme qui plus est.

Cela témoigne à mon sens de l'absence d'une réelle réflexion sur un sujet, les violences faites aux femmes et les inégalités sociales/sociologiques, qui aurait pourtant mérité d'être abordé avec conviction et un minimum de sérieux.

Cette postface est une forme de justification opportuniste particulièrement désagréable de ce roman, laquelle ne parvient pas pour autant à faire oublier la profonde vacuité de celui-ci, mais réussit en revanche fort bien à changer la lassitude en inimitié.


Lien : https://chatpitres.blogspot...
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