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Critique de Pois0n


En tant que objet-livre, « L'homme sans merci » est un petit trésor : il s'agit en effet du second Harlequin à être paru en France, début 78. Autant dire que pour un fan de l'éditeur, c'est presque Noël de le découvrir dans un lot trouvé par ma mère lors de la pause-pipi nocturne de son chien ! Et comme j'avais déjà entrepris de vider ma pile à lire VF, je vais profiter du mois de Février pour tous les lire. La St Valentin 2021 sera vintage !

Bref, avoir ce livre chez moi, c'est vachement cool. En revanche, pour ce qui est du contenu, on se rend vite compte que le truc n'a pas simplement « mal vieilli » ainsi qu'on pouvait le craindre, mais était bien déjà douteux à sa sortie.

Pourtant, au début, la surprise est plutôt agréable, avec une héroïne féministe avant l'heure, décidée à rester autonome et libre, expliquant par A+B à ses amies pourquoi le mariage (qui, à l'époque, signifiait tout abandonner pour devenir la bonniche du foyer) est un mauvais plan et aide même une d'entre elles à se débarrasser d'un fiancé peu commode. La narration n'est absolument pas datée, si bien que l'on pourrait ne pas se rendre compte tout de suite avoir affaire à un livre écrit à la toute fin des années 60, paru en 1970 en VO, huit ans plus tard de ce côté de l'Atlantique.

Malheureusement, les choses ne tardent pas à descendre du « hey, c'est pas si mal » à « wow, mais qu'est-ce que je suis en train de lire ? ». le fiancé éconduit *kidnappe* Katy, l'emmène au fin-fond de nulle part, lui faisant abandonner son travail, sa vie et ses copines du jour au lendemain, l'oblige à l'épouser, la séquestre, menace explicitement de se montrer violent... Ambiance !
Et bien sûr, passé une ellipse de six mois, on retrouve notre Katy dans la même situation, mais finalement c'est pas si mal hein, Julian ne met pas ses menaces à exécution, prend soin de sa parente malade et de son frère adoptif infirme, ah et puis il est riche mais ça ne lui monte pas à la tête, il emmène même sa femme faire de la randonnée dans les montagnes... bref, il est plutôt gentil en fait !
ALORS NON.
Le mec pourrait tout aussi bien être un vrai sucre par la suite et non un gros trou du c... qui fait les yeux doux à son ex pour rendre sa femme jalouse, le fait d'enlever une personne sous prétexte qu'elle te plaît et t'en doit une puis compter sur le bon vieux syndrome de Stockholm pour aplanir les choses sur le long terme, c'est un comportement et un raisonnement de psychopathe. Pour le coup, il est bien trouvé, le titre français...
Il aurait pourtant suffi d'aborder Katy et lui dire « bon, tu as ruiné mes fiançailles donc tu as une dette envers moi, pourrais-tu s'il te plaît faire semblant d'être ma femme auprès de ma vieille tante malade histoire de rattraper le coup et on sera quittes » pour obtenir peu ou prou la même histoire, mais en beaucoup moins toxique.

Bref, c'est LE GROS MALAISE.
J'ai beau y réfléchir, essayer de penser contexte etc, j'ai du mal à imaginer qu'un truc pareil ait pu faire rêver quiconque, même à l'époque. J'ai certes lu pire dans le genre, et plus récent, mais ça n'est pas une excuse : j'ai aussi lu plus vieux et dix fois moins malsain. Alors d'accord, il y a le fantasme de l'enlèvement tout ça, mais si encore le mec donnait envie, ou qu'on sentait une certaine attirance entre les deux protagonistes... mais non, rien nada. En revanche, la peur de Katy est plutôt palpable et on comprend d'autant moins son revirement à 180°.

Côté édition, on note quelques inversions de noms, ainsi que la transformation à plusieurs reprises de Katy en Kim : ça n'est pas une erreur. Dans la VO, l'héroïne s'appelait bien Kim... pourquoi avoir changé son prénom dans la VF ? Mystère...

Verdict : « L'homme sans merci » a beau être un petit morceau d'histoire littéraire, en particulier dans le monde des romans sentimentaux, c'est comme dans Jurassic Park : il vaut parfois mieux laisser les fossiles dans une vitrine...
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