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Critique de bina


bina
15 septembre 2012
Dans ce roman, Khadi Hane dresse à travers son personnage Khadidja le tableau des relations entre les hommes et les femmes au Mali, entre la place des différentes épouses dans une société polygame. « Femme, ferme ta gueule » disait la loi. Khadidja Cissé, la narratrice se révolte contre ces pratiques, qui sont reproduites à l'identique dans le pays d'accueil. Château Rouge, village africain.
Elle vit rue de l'Anonyme, à Paris, et élève seule ses cinq enfants. Elle a eu le premier au Mali, répudiée pendant sa grossesse. Elle l'avait épousé alors qu'elle n'avait que treize ans, et était la quatrième épouse. Trois autres enfants avec un malien de Paris, qu'elle a refusé d'épouser pour ne pas être selon elle rabaissée au niveau d'épouse avec ce que cela implique dans sa culture. le dernier enfant est né de sa relation avec un Blanc, marié de son côté, pour qui elle faisait du ménage. Et accessoirement le propriétaire de son appartement. Ce dernier enfant est à l'origine de tous ses ennuis au moment de la rédaction.
Traitre à son pays, à sa culture, à sa famille pour avoir couché avec un Blanc et par-dessus tout avoir eu un enfant avec lui. Un enfant qu'elle cache aux autres car il est café au lait, et qu'il ressemble à son père. A cause de sa relation avec Jacques, elle perd son travail. Elle passe en jugement dans son pays avec la réunion des sages de son village, à la demande de son père, alors que c'est elle qui fait vivre sa famille en leur envoyant tous les mois les trois quarts des allocations familiales qu'elle touche. Condamnée par ses enfants qui la considère comme une putain. Condamnée par les maliens de son quartier qui se réunissent aussi en Conseil des Sages dans le sous-sol d'un foyer Sonacotra.
Elle est aussi en conflit ouvert avec sa foi, elle qui pratique consciencieusement ses prières quotidiennes et qui implore l'aide de Dieu. Vainement. Ses prières demandent le pain et le riz quotidien, et elle espère des résultats concrets. D'où sa relation conflictuelle avec son assistante sociale, dont elle n'attend que des paquets de riz.
Tout en passant son temps à se plaindre, de son fils, de sa famille, des voisines, des frères de misère qui la jugent, elle lève le voile sur l'une des facettes de l'émigration africaine. Pour quelqu'un resté au pays, un français ne peut pas être pauvre, et un émigré en France a forcément réussi. le retour au pays ne peut être que glorieux, même si tout ce qu'il ramène est pacotille.
Et ce retour au pays, elle l'envisage sérieusement à la fin du livre, alors que son fils est devenu dealer, que l'assistante sociale menace de lui retirer ses enfants, et que son propriétaire-ex-amant-père-de-son-enfant lui envoie une injonction de quitter son appartement pour impayé.
Un échec qui lui laisse un goût amer dans la bouche.
Une narration à la première personne, qui mêle présent et passé (quand celui-ci explique le parcours de la narratrice), avec des prises de paroles virulentes.
Un livre intéressant, même si ce n'est pas un véritable coup de coeur. Trop de plaintes. Trop d'attentes de la narratrice qui voudrait que tout lui tombe du ciel.
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