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Critique de GeraldineB


6 août 1945, Hiroshima. Tamiki Hara est aux toilettes quand survient l'explosion. C'est à ce détail absurde et dérisoire qu'il devra sa survie. Revenu de sa stupeur, il traversera les décombres à la recherche des siens, les yeux emplis d'effroi. de cette expérience traumatisante, Tamiki Hara ne se remettra jamais car si son corps a survécu, son esprit ne peut oublier l'horreur. Il n'a plus foi en l'Homme. Alors, du fond de sa douleur, il nous écrit. Il veut témoigner, rendre un dernier hommage à tous ces corps martyrisés qu'il a vu mourir sous ses yeux.

Trois nouvelles, à la fois sobres et intenses forment le recueil "Hiroshima, fleurs d'été". La première,” Prélude à la destruction” nous dit l'angoisse des japonais dans les jours qui ont précédé l'explosion. Les B29 pilonnent alors sans relâche. Dans les familles naissent des tensions. Il y a ceux qui veulent fuir et ceux qui refusent d'abandonner leur maison, "les patriotes" et ceux qui osent enfin critiquer l'entêtement du gouvernement japonais.
La deuxième nouvelle, ”Fleurs d'été" est le récit de la journée du 6 août, telle que l'a vécue Tamiki Hara. Un style épuré, des descriptions précises et voilà que devant nos yeux se dressent des images insupportables: ” A environ deux mètres de nous, sous un cerisier qui n'avait presque pas de feuilles, deux jeunes collégiennes étaient couchées par terre. Avec leurs visages calcinés, leurs dos maigres exposés au soleil brûlant, elles gémissaient de douleur et réclamaient à boire.”
Enfin la dernière, ”Ruines” évoque "l'après-catastrophe", les corps malades qui se meurent lentement, les vies détruites par la mort des plus proches. Et la montagne, immuable. "Désormais, où qu'il aille à pied, il pouvait embrasser du regard la chaîne des monts Chûgoku et avoir immédiatement devant les yeux les îles montagneuses de la mer intérieure de Setouchi. Ces montagnes dominaient les hommes dans les décombres, qui semblaient dire, l'air incrédule: "Mais que nous est-il donc arrivé?"
Oui, qu'est-il arrivé à l'humanité ce 6 août 1945? Pourquoi cet acte effroyable a-t-il eu lieu? de toutes les espèces vivantes nous sommes la seule à vouloir ainsi exterminer nos semblables. Comment des hommes, dans leurs bureaux, ont -ils pu décider de décimer des populations entières de civils comme on détruit des colonies d'insectes?  de la libération du camp d'Auschwitz le 27 janvier au bombardement de Nagasaki le 9 août, 1945 restera dans l'Histoire l'année de l'innommable, la perte définitive de l'innocence.

Ecrit sans colère et sans haine, "Hiroshima, fleurs d'été" est un témoignage bouleversant dont la simplicité et la sincérité vous étreignent. le recueil sera censuré par les forces d'occupation américaines jusqu'en 1950, on peut aisément comprendre pourquoi. Tamiki Hara, lui, se jettera sous un train en 1951. La barbarie, comme les radiations, peut encore tuer un homme des années plus tard. Restent sa voix et sa mémoire.
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