AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 5Arabella


Ce roman est le deuxième de la trilogie d'Eustache et Hilda, il fait suite au premier volume, La crevette et l'anémone. Nous sommes une bonne dizaine d'années après les événement décrits dans le premier tome. le frère et la soeur ont fait leur chemin. Eustache est en train de terminer ses études de lettres à Oxford, et sa soeur dirige une clinique pour enfants handicapés. La première guerre mondiale est passée entre temps, et elle a marquée les esprits et modifié les trajectoires : ainsi Eustache se trouve être un étudiant plus âgé que les autres, car il a essayé de participer avec ses moyens à l'effort de guerre, même si c'est dans un bureau, compte tenu de son état de santé. Et Hilda a découvert le milieu médical, et a pu laisser s'épanouir ses qualités d'organisatrice.

Mais les événements décrits dans le premier tome restent terriblement présents, nous découvrons progressivement à quel point ils pèsent sur nos deux personnages, enfermés en quelque sorte dans des schémas dont ils ont des difficultés à sortir : Eustache a du mal à prendre la moindre décision personnelle et à s'assumer, voulant plaire à tout prix, éternel enfant, et Hilda à l'opposée, se devant être celle qui sait, qui dirige, qui est dans l'action, au risque de laisser complètement de côté tout l'aspect affectif, mutilant sa personnalité.

Deux personnages vont intervenir et peut-être faire bouger les lignes : Stephen Hilliard, un condisciple d'Eustache, jeune homme censé et bienveillant, et surgi du passé, Dick Staveley, le jeune châtelain qui fascinait Eustache, devenu député. Dangereux, manipulateur, véritable prédateur, sans pitié pour la faiblesse, Dick sait se montrer brillant et fascinant. Les deux sont très sensibles à la beauté et à la personnalité de Hilda, et se servent quelque peu d'Eustache pour arriver à l'approcher.

Ce tome est à la fois très réussi et très frustrant. Réussi, car nous retrouvons la finesse de l'analyse de Hartley, l'humour toujours présent, et une manière de mener son intrigue, l'air de rien, en paraissant flâner, mais qui nous mène exactement là où l'auteur voulait arriver. Les descriptions presque sociologiques de la vie à Oxford, du milieu étudiant, des relations entre jeunes gens, de ce qui s'y joue, des hiérarchies de pouvoir qui se mettent en place, de la fabrique de la reproduction sociale, d'un conditionnement qui met en place les codes et les comportements permis, est très intéressante aussi. La violence des rapports sociaux sous des apparences très policées est aussi très bien suggérée, dans tous les lieux que traverse Eustache : l'université, la clinique de sa soeur, et le domaine des Staveley où il passera un week-end avec sa soeur.

Frustrant, car nous restons au milieu du chemin. Autant La crevette et l'anémone pouvait se suffire à lui-même, autant ce deuxième opus laisse les choses en suspens, et la lecture du troisième est incontestablement indispensable pour connaître le destin de nos personnages. Frustrant aussi, parce que nous ne voyons les choses que pas les yeux d'Eustache, alors que dans le premier tome, la fin du roman nous plaçait du point de vue d'Hilda, ce qui enrichissait considérablement la vision des personnages et de leurs relations. D'où encore plus l'envie de lire la suite, en espérant que l'auteur lui donne la parole.

J'espère que l'éditeur va rapidement sortir le troisième volume de la trilogie, pour aller jusqu'au bout de la route avec ces deux personnages attachants.
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}