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Critique de mayim


Je ris rarement à la lecture d'un livre. Il m'arrive de sourire mais pas plus. Même quand un livre est annoncé "hilarant", "à mourir de rire", "à se plier en deux", je trouve souvent qu'il n'y a pas de quoi s'esclaffer (d'ailleurs, au passage, j'ai un gros doute sur la notion d'humour chez les critiques littéraires). Attention, qu'on ne s'y trompe pas. J'aime rire mais je suis plutôt du genre à avoir un fou rire devant un film. En littérature, j'ai en revanche la larme facile.

Alors voilà, quand je rigole franchement toutes les deux pages au point que ça en devienne embarrassant dans les transports en commun, c'est un événement et c'est que je tiens entre les mains une véritable pépite d'humour.
C'est le cas avec ce recueil de nouvelles qui se passent au Tonga, rebaptisé ici Tiko. Le personnage de Manu (n'ayez pas peur, c'est un prénom très courant au Tonga) fait le lien entre toutes les nouvelles. Il représente le bon sens de Tiko, la voix de la sagesse (vous voilà rassurés, ce n'est pas lui), l'âme traditionnelle qui refuse de se renier pour les richesses promises, que ce soit par la religion ou le progrès économique (définitivement pas lui).

Epeli Hau'ofa se moque de tout avec impertinence, intelligence et une ironie mordante : indépendance difficile à assumer, aide au développement inadapté et inefficace, omniprésence de la religion, perplexité dans les rapports entre les habitants et les Occidentaux qui se cassent les dents sur leur résistance au soi-disant progrès, incompréhension qui tourne en ridicule beaucoup de situations…
Son propos est lucide et son humour n'est jamais méchant ou vulgaire. Il a l'art de savoir placer astucieusement le petit adjectif qui va suggérer toute l'ironie de sa pensée. J'ai ressenti tout l'amour qu'il a pour son île et ses habitants. Il les connait par coeur, les observe avec bienveillance et les dépeint avec drôlerie. Il célèbre pleinement la vie à Tiko et sa langue maternelle est savoureuse. Petit florilège avec les noms de personnages : Dan Yali ("souvent absent"), fonctionnaire qui a étudié à Potopoto College ("pas très malin") et qui aime se faire cirer les tongs par sa femme de ménage, Léa Fakahekeheke ("flatterie suprême ").
C'est délicieux, je reprendrais bien une petite tranche de rire. Je vais me précipiter sur son unique autre livre traduit en français. C'est bien trop bon pour mon moral et pour mes abdos.
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