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Critique de colka


colka
19 février 2018
"Je n'avais pas vu les nuages. Ils ont dû se rassembler dans mon dos. Ils ont dû s'avancer sur ordre de Dieu sait quoi". Cette première phrase du roman met tout de suite dans l'ambiance et je me suis dit que je n'étais pas partie pour un voyage en mer du style "la croisière s'amuse".
Car c'est bien d'un véritable thriller maritime qu'il s'agit. Et Toine Heijman nous livre une histoire dont le suspense va crescendo via le récit du personnage principal Donald, homme de mer averti, parti pour naviguer avec sa fille Maria, de Thyboron au Danemark jusqu'à Harlingen aux Pays-Bas. Jusqu'au jour où, panique à bord, Donald ne trouve plus Maria dans sa couchette sur le bateau.
Mais qui se cache derrière le marin expérimenté que paraît être Donald ? Très vite ses longs monologues intriguent, dérangent. Et j'ai bien vite senti que Toine Heijman, via de petites phrases apparemment anodines, se plaisait à semer le doute dans l'esprit du lecteur et que Donald était un homme en perte de contact avec la réalité, oscillant constamment entre des pensées euphoriques conjurant le mauvais sort et des scénarios catastrophes générateurs de véritables crises de panique.
Dès lors, même si la ligne directrice du roman se dessine assez vite, je me suis laissée assaillir de questions.
Quid de Maria, petite fille très attachante et qui, dans le couple père /fille, joue le rôle d'adulte ?
Quid des dangers réels de la mer qui planent sur tout le roman, via de superbes descriptions, avec le thème récurrent des vagues, véritables actrices de ce drame maritime.
Quid des scènes hallucinatoires où Donald, en proie à des crises de panique, va apparemment braver tous les dangers pour retrouver Maria, seul face aux éléments déchaînés. Ce sont des passages où la plume d'Heijman sait admirablement bien caler la dislocation de la phrase sur celle de la pensée, entraînant ainsi son lecteur dans la spirale de l'angoisse.
Toutes ces questions sont pressantes, oppressantes et l'art d'Heijman vient de cette zone d'incertitude qu'il crée autour des propos de son narrateur et qui ne laisse pas d'autre choix au lecteur que celui de se livrer à un décryptage subtil, aléatoire, de ce que fait ou dit Donald, sans être sûr d'être sur la bonne piste. C'est là que réside le suspense du roman plus que dans le dénouement un peu attendu et somme toute pas très original.
Dernière remarque sur ce livre que j'ai lu d'une seule traite : les superbes évocations de la mer qu'elle soit déchaînée ou porteuse de ces moments de bonheur immobile que ressentent, paraît-il, les navigateurs de haute mer...
Heureuses digressions dans ce roman tout en tensions, en noirceur supposée ou avérée.
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