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Critique de Lune


Délicatesse, sensibilité, émotion pudique sont les sentiments qui accompagnent mon après lecture.
Tristesse incommensurable, écoeurement, révolte et rage sont les mouvements de la raison devant l'horreur racontée et pour laquelle nul mot ne satisfait.
Et justement avec une simplicité lucide, sans exacerbation mélodramatique, Vincent Hein nous met face à des pans d'histoire mal ou mé/connus.
Ce n'est pas l'oeuvre d'un historien mais le résultat d'un choc émotionnel découlant de visites, d'évocations de lieux et de faits.
Le livre débute à Kanchanaburi en juillet 2014. Il s'y termine.
Entre ce début et cette fin, l'auteur nous entraîne dans plusieurs voyages : des lieux sinistres du trop célèbre pont de la rivière kwaï jusqu'à l'unité 731 à Pingfan (Chine) à ses pensées emportant les nôtres parmi ses propres souvenirs familiaux en Alsace.
Ce qu'il raconte déchire, donne la nausée.
La visite au KL Natzweiller avec son institutrice et l'image de cette enfant de trois ans resteront gravés en moi comme elles le sont chez l'auteur.
Les expérimentations, les tortures (l'homme est tellement créatif…, l'auteur nous le décrit notamment dans l'évocation de son grand-oncle Hubert), l'ignominie des conditions de la construction des ponts ne font que s'ajouter au catalogue des horreurs qui furent commises.
Il me semble que la liste s'allonge toujours et toujours et … que l'histoire se répète… (la phrase de Primo Levi citée n'est que trop juste).
Il y a, apportant un baume à cette lecture dure et nécessaire, des bonheurs familiaux (on ressent l'atmosphère chez la grand-tante Marie, les films, les livres…), des odeurs, des goûts, tout ce qui contribua à construire Vincent Hein.
Et puis l'écriture se fait aussi poésie. Ah! Cette description des pluies… un régal, une sensualité, la Beauté tout simplement.
Des paroles magnifiques qui constituent une respiration bienvenue.
Il y a aussi quelques observations justement acerbes qui font sourire et dont on connaît trop bien les conséquences décrites (je pense au paragraphe sur les « nonnes » de son école).
L'auteur a pris conscience à la mort de son père que « le monde dans lequel il avait vécu n'existerait jamais plus ».
Comme nous tous, il est devenu orphelin mais il a conservé au fond de lui et dans les mots qu'il nous transmet l'héritage d'un passé qui enseigna le beau et le laid.
Ce livre n'est pas innocent puisque persiste en nous une résonance. A chacun d'en tirer les leçons.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Phebus qui m'ont permis la découverte de ce livre et d'un auteur.


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