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Critique de gill


Marie Tromel a été pendue.
Depuis quinze ans, elle était le chef d'une bande de voleurs.
Son cadavre a été jeté dans un sac qui, à l'épaule du bourreau, pèse le lourd poids de ceux qui meurent en état de péché mortel ...
Il eût été déloyal, qu'à l'égal de Mandrin, Marion du Faouët n'eut pas possédé sa complainte.
Colette Hélard-Cosnier, par cette pièce originale, a réparé cette injustice.
Sur un côté de la scène apparaît un théâtre de marionnettes entouré d'affiches annonçant "la lamentable et véridique histoire de Marion du Faouët".
Le ton est donné.
On est bien loin, ici, du feuilleton de l'été ou d'un quelconque mièvre folklorisme.
Marion est du Faouët. Elle aurait pu être de n'importe où ...
La pièce, parue en décembre 1975, est articulée autour de six complaintes qui font suite à un prologue.
Ils sont autant de tableaux saisissants.
Ils forment un réquisitoire. Ils sont un cri de révolte ...
Le rideau se lève une première fois.
C'est le prologue : le bourreau et son aide vont creuser un trou au bord de la route pour y jeter le corps de "la catin aux cheveux rouges" ...
Ils semblent se souvenir :
- lors de la première complainte que 1717 fut l'année de la naissance de Marion ...
- lors de la seconde, qu'en 1732, Mme de Stanghingan tenta de faire son éducation ...
- lors de la troisième, des circonstances qui, en 1736, firent d'elle une voleuse ...
La quatrième complainte se souvient de son premier châtiment.
La cinquième la vit s'endurcir dans le crime ...
La sixième et dernière complainte, en 1755, fut celle de l'expiation ...
La pièce bénéficie d'une mise en scène originale.
Un musicien chante la complainte tandis que les acteurs la jouent et que des marionnettes l'illustrent dans un petit théâtre accolé à la scène.
Le texte de cette courte pièce est un puissant morceau de littérature tout aussi original.
L'ensemble ne perd rien à la lecture.
L'auteur est une femme.
Elle nous présente une autre femme.
Marion est intelligente, belle et coquette.
Elle est trop libre pour devenir servante, trop fière pour mendier.
Elle ne fait aucune concession, ni à la misère, ni à l'oppression ...
Colette Hélard-Cosnier dénonce la condition de la femme, la collusion entre l'état et le clergé, le talon de fer posé sur le peuple breton.
Elle ne perd pas de temps au détour des phrases.
Elle va à l'essentiel et touche, en quelques mots, l'endroit d'où irradient le malheur et le désespoir.
Sa pièce est un petit bijou qui ne paraît pas avoir subi l'attaque du temps et qui se redécouvre avec toujours autant de plaisir ...
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