AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Marie-Nel


J'ai lu ce roman en un après-midi, tellement j'ai été happée par son histoire, par son personnage et par la plume efficace de Helene le Bris. J'ai pu apprécier son style léger, sans lourdeurs, précis, tout en délicatesse et en pudeur. J'ai vécu dans l'ombre de Marthe le temps d'une lecture, j'ai ressenti tout ce qu'elle pouvait vivre de positif ou de négatif. Une histoire touchante, poignante par le sujet mais qui ne tire jamais vers le pathos, l'auteure a eu raison de ne pas employer de style larmoyant pour parler de cette terrible maladie. Elle raconte sans fards, sans pudibonderie. Elle a su parfaitement se mettre à la place de son héroïne et ce n'est pas chose aisée puisque personne, pour l'instant, n'a été guérie de ce fléau et a pu nous raconter ce qu'elle vivait. Ce sont donc des suppositions que nous nous faisons quand on côtoie un malade. J'ai trouvé le ton très juste.

Je ne vais pas trop parler de l'histoire, le résumé le fait déjà bien assez. En plus le livre est assez court, à peu près cent cinquante pages dans sa version brochée, ce serait donc dommage de tout dévoiler.
J'ai beaucoup aimé Marthe. Elle sait qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer qu'elle nomme Al. le livre est en fait le récit de son journal qu'elle tient pour se souvenir. En effet, elle note dedans tout ce qu'elle fait, pour se rappeler ainsi mieux ensuite lorsqu'elle se relit ce qu'elle voulait faire. Une chose très importante qu'elle note aussi, c'est la date exacte. On ne peut pas s'imaginer à quel point c'est important, et de ne pas s'en souvenir créé un gros trouble de manque. Elle a plein de petites astuces pour se rappeler des choses, et je l'ai trouvée vraiment très débrouillarde et astucieuse. Pour la date, par exemple, elle a un réveil sur lequel le jour est inscrit. Quand elle pense à quelque chose, elle le note tout de suite sur un post-it et le colle sur son frigo, ainsi, elle arrive à se rappeler de ce qu'elle voulait faire. Elle s'est aussi soumise à des règles bien strictes comme aller chez le coiffeur tous les premiers mardis du mois ou au cinéma le mercredi. Tout cela fait qu'elle arrive à vivre seule correctement et sans gros danger. Mais quand un grain de sable vient se loger dans cette routine, tout part en cacahuète. Les souvenirs de sa vie passée restent tenaces, mais où est donc passé son compagnon, Adrien ? Pourquoi n'est-il pas rentré ? Et pourquoi sa voiture est en photo dans un magazine rapportant des accidents de voiture ? Elle va vouloir le retrouver, seule, sans aide, mais c'est sans compter sur Al. C'est le début des ennuis…

Il y a peu de personnages dans l'histoire. Marthe, bien sûr, le neveu dont elle s'est occupé pendant sa jeunesse, Arthur, son frère Paul, le père d'Arthur, sa belle-soeur Suzanne et sa voisine avec qui elle va au cinéma, Annie. Certaines choses qu'elle raconte m'ont tellement fait penser à une dame atteinte de la même maladie dont je m'occupais. Elle pouvait me parler d'une publicité reçue dans les journaux pendant des heures, et me racontait avec beaucoup de détails sa jeunesse. Difficile de ne pas être attendrie devant Marthe, de ne pas vouloir l'aider.
Le texte, en plus, est écrit à la première personne du singulier. J'aime beaucoup ce « je » qui permet d'être très intime avec le personnage qui parle. Nous lecteurs, sommes au plus près de ce que ressent l'héroïne, nous rentrons dans son intimité. Ce procédé m'a permis de vivre des moments intenses avec Marthe. Elle m'a fait sourire, ses pertes de mémoire lui font faire ou dire des choses amusantes et en même temps tristes quand on se rend compte de ce que cela représente. Je pense notamment à ce chauffeur de taxi que Marthe appelle Edgar parce qu'il lui fait penser au majordome dans Les Aristochats, le dessin animé préféré de son neveu, et lorsqu'elle le voit le lendemain, elle se demande pourquoi il a le même prénom que le célèbre dessin animé…ça fait sourire, et pourtant…Ce qu'elle va vivre en voulant aller chercher son compagnon est tellement désolant…la froideur des médecins et de certaines infirmières face à des gens qui perdent petit à petit leur essence est tellement révoltant et pourtant si réel, pour l'avoir vécu lorsque je m'occupais des personnes âgées….on a encore beaucoup de progrès à faire…

Je pense que vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé cette histoire, qui restera gravée en moi. Au départ, j'étais tombée sous le charme de sa couverture qu'on a presque envie de dessiner, et du titre. Je me doutais de ce que cela allait parler, et j'ai été charmée par la façon dont Helene le Bris a traité le sujet. C'est un joli livre à lire, à apprécier. Je vous le recommande vivement. Partez vous aussi à la rencontre de Marthe, faites connaissance avec elle et vivez un moment rempli d'humanité en sa compagnie. C'est un sujet qui me touche de près, c'est une maladie dont j'ai peur, la peur n'évite pas le danger comme on dit…je m'applique déjà quelques astuces comme Marthe, j'espère n'avoir jamais à ne pas me souvenir des êtres qui me sont chers....l'histoire de Marthe est pleine d'espoir.
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}