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Critique de jamiK


Cette histoire a été créée en 1939 mais n'est éditée sous forme d'album qu'en 1957, ce qui situe cette aventure dans l'oeuvre d'Hergé entre “Le sceptre d'Ottokar” et Tintin au Pays de l'or noir dans sa première version (inachevée à cause de la guerre). Chez nous, on possédait tous les Tintin, mais je n'ai découvert Jo Zette et Jocko que vers mes 10 ans (au milieu des années 70), dans une bibliothèque lors d'un été pluvieux. J'ai dû le relire plusieurs fois depuis parce que l'histoire est encore bien ancrée dans ma tête. Hergé avait envisagé cette série pour proposer des héros plus jeunes, garçon et fille, pour toucher un public plus jeune que les aventures de Tintin, avec l'idée d'une identification du lecteur avec les personnages.
Cette aventure nous mère de la Savoie en Inde, monsieur Legrand va se mettre au service du Maharadjah du Gopal, homme autoritaire, irascible et capricieux, qui n'est pas sans rappeler divers personnages au comportement d'enfants gâtés tyrannique comme le Général Mitsuhirato dans le Lotus bleu, le Général Alcazar dans L'oreille cassée et l'émir Ben Kalish Ezab dans Tintin au pays de l'or noir.
A cette nouvelle lecture, je constate qu'Hergé n'hésitait pas à recycler les gags et les divers éléments scénaristiques et graphiques, à chaque page on y trouve un rappel d'une aventure de Tintin précédente ou même future. Mais on trouve surtout son style graphique si reconnaissable, soigné et simple avec l'utilisation du cerne caractéristique de ce qu'on a appelé la ligne claire. Ici, les paysages de montagne sont particulièrement détaillés et soignés, tels qu'on retrouvera plus tard dans le temple du soleil ou même dans Tintin au Tibet. le dessin est clair et favorise la fluidité de la lecture.
L'histoire est divisée en deux parties bien distinctes : la première, la rencontre de la famille Legrand avec le Maharadjah de Gopal se déroule en Savoie dans une station de ski. le ton est vraiment burlesque et léger, c'est une suite de gags autour du caractère du maharadjah, ridicule dans sa tyrannie. La seconde partie, en Inde, est plus aventureuse, plus rocambolesque mais moins comique. Les enfants vont déjouer un complot contre la construction du pont que Monsieur Legrand est chargé de construire.
Il y a toujours ce découpage et ce rythme si efficace dont Hergé est le spécialiste : vous noterez que chaque planche se conclut ou sur la chute d'un gag ou sur un élément de suspense, un cliffhanger, il scénarisa au métronome, c'est carré et d'une efficacité redoutable, une garantie d'une lecture qui accroche notre attention.
Écrit en 1939, on n'évite pas les stéréotypes familiaux et culturels de l'époque, le bon européen paternaliste va aider les pays sous développés, les orientaux ne sont pas très malins, et les femmes ont un rôle mineur, même Zette est très en retrait par rapport à Jo, nous rappelant que cette histoire a été écrite il y a plus de 80 ans. Alors on ne l'écrirait sans doute plus de la même manière aujourd'hui, mais pourtant elle contient bien plus qu'un témoignage d'un autre temps, parce que l'efficacité scénaristique et la justesse graphique n'ont pas pris une ride.
L'oeuvre d'Hergé a toujours été dans l'air du temps pour ses idées et ses stéréotypes culturels, mais elle est intemporelle dans le domaine de l'invention narrative, dans ce qu'elle propose comme modèle d'expression.
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