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Critique de babel95


Que se passe-t-il dans une famille lorsque tout d'un coup, tout s'écroule.

Quelques jours auparavant, c'était encore "l'été indien", la douceur du quotidien, un père qui accompagne ses enfants en voiture à l'école, un barbecue entre amis, les sempiternelles bagarres entre deux frères encore petits, le cadet, Léo, surnommé "le lion", ou "minimoi", et Max, l'aîné, dit "le brouillon".

A la clinique, le Dr Philippot annonce aux parents que Max souffre d'une grave maladie, une leucémie lymphoblastique... , et il énonce brutalement tous les mots qui lui sont associés, perfusion, ponction lombaire, chimio, échographie, anamnèse, cortisone, un cauchemar, véritable tourbillon dans lequel le père, endormi, finit par disparaître...

Et le quotidien de la famille, c'est maintenant l'hôpital, les séances de chimio de Max. Sous la pression de la maladie le couple éclate, les parents se séparent. Dans un premier temps, tant que Max suit son traitement lourd, les enfants restent dans la maison ; le père emménage dans un studio, la mère va vivre chez sa soeur. Chacun, à sa façon, reconstruit une autre vie...Enfants et parents peinent à retrouver leurs marques dans ce quotidien si dégradé....
Ce qui aurait pu être le récit triste, désespéré d'un père au bord du gouffre m'a apparu tout au contraire rempli d'espoir.
Le quotidien c'est l'hôpital, et les séances de chimio de Max... mais Michel Vandam et Delphine Hermans, par petites touches, parviennent à nous faire sourire, et même rire en décrivant le monde de l'hôpital, les conversations qui s'échangent, les personnages, à la limite de l'absurde, que l'on retrouve. On suit l'histoire d'amour de l'infirmière et de l'anesthésiste (qui a une maison en Provence), on reconnaît l'homme à la perfusion qui recherche désespérément sa chambre... des dialogues surréalistes que l'on entend malgré soi à l'hôpital, lorsqu'on attend "ta mère, vivement qu'on lui trouve une place à la morgue"...."t'en es où avec l'anesthésiste ? Je ne suis pas une fille facile"...."ce n'est pas parce que votre père a une jambe dans le plâtre que vous allez me manger sur la tête"
De petites touches d'humour, quelquefois grinçant bien sûr, qui donnent une tonalité au récit.
Selon moi, Anesthésie Générale n'est pas une véritablement BD, mais plutôt un roman graphique. Sa construction par chapitres m'a paru bien convenir à la description de l'histoire...

J'ai beaucoup aimé les dessins représentant la famille, le code couleur : vert pour Nath, la mère, rouge pour le père, bleu turquoise pour Max et violet pour le petit Léo. Des dessins quelquefois simplifiés à l'extrême comme la vie de cette famille...
Quant au titre "Anesthésie générale" je le trouve particulièrement bien choisi.. Il y a bien sûr l'anesthésie de l'enfant, à qui l'on fait une ponction lombaire... mais aussi celle que ressentent le père, la mère. lorsque que leur enfant tombe gravement malade, que leur couple se sépare... Ils ont le sentiment d'une grande confusion, que rien n'a plus de sens, tout est flou. Un peu comme lorsqu'on a été anesthésié, qu'on reprend peu à peu connaissance et que l'on porte un nouveau regard sur les choses qui vous entourent....

L'écriture, de cet ouvrage, la réalisation des dessins ont certainement permis à l'auteur - car il s'agit d'une histoire vraie - de donner un sens à son épreuve.

Je remercie sincèrement Masse Critique de Babelio et les éditions Warum de m'avoir adressé l'ouvrage de Michel Vandam et Delphine Hermans Anesthésie Générale.
Une lecture véritablement originale et émouvante.


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