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Critique de Luthiel


Que dire? Ce fut le premier roman de ce long cycle que je lu, j'avais 14 ans et il venait de sortir en gros format (à l'époque, CARRERE/Hachette) sous le titre curieux de "l'histoire des dragons"-je dis "curieux" car ce n'était pas le titre d'origine, la traduction était de ce fait bizarre. le format m'avait accroché (gros bouquin=beaucoup d'heures de lecture) et surtout surtout l'illustration de couv, pas exactement la même que celle du visuel visible, qui est celui de l'édition fleuve noir-même artiste mais moins joli, c'est déjà un "remake". Sur la couverture on voyait trois personnages qui posaient comme pour une photo : deux guerriers à l'air pas commode, une jolie amérindienne aux cheveux blonds. A l'époque, je découvrais également le jeu de rôles (Donjons et Dragons) et le sous-titre de l'édition CARRERE était "par le créateur du célèbre jeu de rôles donjons et dragons". Il n'en fallait pas plus pour me convertir... et je me convertit. L'histoire, classique, prend place dans un monde médiéval fantastique dont la caractéristique principale est qu'il n'y a plus de dieux, si ce n'est des faux, donc plus de guérisseurs véritables. Les dragons ne sont que des légendes et une bande de potes se retrouve dans une auberge après cinq ans de séparation. D'autres critiques ont largement aussi bien résumé les membres de cette troupe, les "compagnons de l'auberge". Ne nous voilons pas la face, ce sont aussi des clichés des archétypes du jeu de rôles de l'époque, mais au moins chacun a sa petite touche perso : Tanis le demi-elfe, beau gosse barbu (cache son métissage sous sa barbe) et chef officieux de la troupe, oscille entre guerrier et rôdeur : Sturm, jeune homme de la noblesse qui revient de ces 5 années avec l'armure de son pôpa, donc qui se dit chevalier(le volume 2 nous apprendra quelques petites choses à son sujet) ; Flint le nain râleur, également guerrier de son état (dans des volumes très postérieurs, on saura qu'il était artisan à la ville);Tass Raclepieds, le semi-homme(dans cet univers on dit "kender"parce qu'on peut pas dire "hobbit", ce sont les semi-hommes locaux), kleptomane par nature... donc voleur de profession, ça tombe sous le sens ; les jumeaux Caramon et Raistlin ; le premier est un guerrier de carrure massive, grand coeur, amical, mais qui ne réfléchit pas beaucoup. le second est un magicien à la personnalité exécrable, en mauvaise santé et dont les yeux ont subi une curieuse malédiction.
Tout ce petit monde va rencontrer un couple de barbares qui ont fui leur tribu, entendons par là un copier-coller de culture amérindienne : la femme se nomme Lunedor, l'homme Rivebise (Riverwind en anglais, jamais compris pourquoi Carrere, puis Fleuve noir puis Milady avaient gardé cette traduction que je trouve nulle mais passons). Ils ont avec eux, ô miracle, un mystérieux bâton aux pouvoirs de guérison, qui va leur attirer des tas d'ennuis : en vrac, fuite en catastrophe de l'auberge et de leur joli patelin situé dans les arbres, exploration d'une ville en ruines immergée qui abrite un dragon noir, un vrai vilain sorti des légendes (et qui garde une autre relique sacrée, des "disques" sur lesquels sont inscrits une bonne parole divine-à mon avis une bête tablette de pierre aurait aussi bien fait l'affaire), puis pouf repassent par leur ancien chez eux cramés par... des dragons ; font une halte chez les elfes qui habitent pas loin dans leur joli ville cachée (dans la forêt, sinon ce ne sont plus des elfes), puis vont délivrer des otages humains gardés dans une forteresse à flanc de montagne.
C'est l'intrigue en mode super accéléré que je vous livre, cela se déroulerait aujourd'hui comme une partie de jeux de rôles "old school" ; d'autres personnes ayant fait d'excellentes critiques sur ce premier volume disaient qu'on entend les dés rouler (comme dans une partie de jeu de rôles) et c'est plutôt vrai ; les clichés sont présents à la pelle (chevalier à la morale rigide, magicien qui trempe du côté du mal, elfes ethnocentrés et racistes, nain râleur, ect), MAIS cela avait du charme à l'époque. Parce que les personnages étaient quand même assez fouillés, du moins on avait envie de savoir ce qui les attendait par la suite, ils étaient plus que le plaquage de bêtes feuilles de personnage. Ils étaient liés par des liens d'amitié ou d'estime réciproque qui rendait le groupe plus crédible, avaient chacun une histoire (je passe sur le couple de barbare, à mon avis, l'intrigue aurait très bien pu se passer d'eux) et je me suis surprise à l'époque à me demander où étaient passés ces fichus anciens dieux qui étaient "partis". D'autant que tout au long du livre, plane la menace sous-jacente d'une invasion par une mystérieuse armée constituée de dragons stationnés quelque part dans un nord hypothétique, avec de vilains affreux généraux à leur tête - ce qui se vérifie dans la deuxième partie, quand leur village natal dans les arbres est quasi détruit.
Il y a eu deux suites à ce cycle (connu aujourd'hui sous le cycle des "chroniques") , chroniques d'hiver et chroniques de printemps qui clôturent cet arc narratif ; et des tas d'autres cycles après. Ce n'est pas le meilleur tome car rien que les deux suivants sont de meilleure facture, mais il fut le précurseur à toute une saga littéraire qui compte énormément d'ouvrages. A l'époque, c'était innovant car la gamme des jeux de rôles se développait en même temps que le récit de fiction - on pouvait lire le roman et jouer les persos lors de parties de jeux... enfin, dans la théorie, car les produits de jeux étaient déjà extrêmement durs à trouver à l'époque, peu de boutiques les vendaient et c'était très cher. La série fictionnelle a fini par voler de ses propres ailes et a rencontré un joli succès. C'est à lire pour voir des caractères de personnages bien croqués et plus fouillés qu'il n'y parait. Bien sûr, la série a vieilli (sauf erreur, première parution vers 1987 en France) et ce volume pas très bien-moins bien que les deux autres. La première traduction était assez bonne (carrere), la deuxième beaucoup moins (fleuve noir), non en raison de la compétence du traducteur mais parce que la version poche exigeait qu'on fasse des coupes franches dans le texte ; la troisième (milady) s'apparente plus à la première.
Pour conclure, ce volume a ouvert une porte à une époque où la littérature fantasy était beaucoup moins foisonnante que maintenant. Aujourd'hui, je rêverais d'un "remake" ou d'un "reboot". Au fil du temps, les auteurs ont gagné en maturité, je pense que ça pourrait être pas mal. Concernant mon humble personne, ce livre a façonné mon amour de la fantasy et du jeu de rôles ; Il est peut-être un peu suranné mais il trône en bonne place dans ma bibliothèque , 32 ans après sa découverte. Je ne pouvais inaugurer mon abonnement à BABELIO qu'avec ce livre.
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