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Critique de Choupaille


Comme beaucoup de lecteurs Fantasy je suis passée par une grosse phase Robin Hobb. Je l'ai découverte à vingt ans et ses romans me rappellent toujours cette période incroyable entre guindailles, études et bouquins. Allez savoir pourquoi j'ai tardé à me lancer sur l'épilogue en 3 tomes de L'assassin royal : le Fou et l'Assassin. Chance pour moi, avec le temps les 6 tomes en VF ont été réunis en 3 intégrales qui respectent la partition de la VO (car oui en 2022 on charcute toujours les VO) ; c'est sous ce format de grosse briquasse que j'ai repris l'aventure "Fitz". J'avais vraiment hâte de retrouver la magie Hobb et de renouer avec ses personnages comme avec de vieux amis, mais sans y aller par quatre chemins ça a été un énorme flop. le Fou et l'Assassin est la suite fan-service de l'AR, et je ne comprends pas ce qui a poussé Robin Hobb à l'écrire.

Alors, prêts à plonger dans les eaux glacées de mon mécontentement ?

Fitz Chevalerie Loinvoyant est mort.
Tom Blaireau se la coule douce à Flétribois avec sa Dame Molly, sa fille Ortie et ses beaux-enfants. La vie au domaine est douce bien qu'il manque à Tom la présence de ses deux meilleurs amis. Ce n'est pourtant pas faute au Fou disparu d'essayer d'entrer en contact avec Tom, mais hélas la vie de dotaire a émoussé les sens de l'Assassin qui loupe systématiquement toute tentative de contact. Son instinct lui fait d'ailleurs encore défaut quand Molly donne naissance à une petite fille dans la surprise générale et dans des circonstances inhabituelles. L'étrangeté de la gamine est flagrante et Tom s'emploie (difficilement) à devenir un père aimant. Il lui faudra toutefois renouer avec son passé si il souhaite préserver sa fille des dangers qui rôdent en dehors et en dedans de Flétribois... et retrouver un ami depuis trop longtemps perdu.

J'ai essayé de vous faire un résumé consistant et sans spoil, mais rien qu'avec ces quelques lignes je vous ai grosso modo dévoilé la première longue moitié du bouquin. Je vous arrête tout de suite, je ne suis pas coupable ! (hé non) car on touche là au principal problème de cette suite : il ne se passe strictement rien ! La vie à Flétribois est ennuyeuse, les scènes inutiles se succèdent et tirent en longueur un roman qui aurait facilement pu faire la moitié de sa taille seulement. Des petits triggers intéressants popent à gauche à droite comme pour venir cravacher la vieille carcasse de ce livre monotone ; des traces de pas mystérieuses dans la neige, une messagère pourchassée et mourante, un rêve prémonitoire un peu dingue, mais rien de concret ne bouscule l'intrigue. Je suis familière de l'autrice et de ses histoires plutôt indolentes au démarrage, mais là vraiment c'est trop. Au lieu d'une nouvelle aventure dans les Six-Duchés pleine de vie et d'émotions, j'ai assisté aux disputes familiales Loinvoyant, aux commérages domestiques et à la paternité pathétique de Fitz. Vraiment pas ce pour quoi je m'étais lancée.

Les cinquante premières pages sont pourtant bourrées de promesses ! le récit commence super bien avec une invitée disparue en pleine réception d'hiver et dont on ne retrouve que des traces sanguinolentes. Fitz conte sa propre histoire au passé, avec le recul du narrateur qui sait où il a merdé (au moins peut-on lui décerner le prix de la lucidité). Dès le début on sait donc que le Fou est vivant et qu'il tente de se frayer un chemin jusqu'à Fitz, mais avec quel énervement on voit ce dernier royalement passer à côté de toutes les évidences ! Sérieusement, j'ai un jour apprécié ce héro ? Et parlons parentalité deux secondes : pour un gars qui s'est si longuement lamenté de son absence aux côté d'Ortie, je m'attendais à découvrir Fitz transformé par sa paternité nouvelle. Hé non, c'est un père claqué au sol ; appelez les services sociaux, please, il est même pas au courant qu'un enfant doit être habillé, nourri et lavé ~ hé bon, sans vouloir instrumentaliser la Fantasy et y caser de force des questions de société, ça aurait pu être sympa de dépeindre un père capable plutôt qu'un énième assisté sans esprit d'initiative hissé au rang de héros.

Les protagonistes que j'avais d'ailleurs grandement appréciés auparavant ont tous été décevants et/ou irritants. Je les ai trouvés figés dans les mêmes insupportables défauts qu'il y a dix ans, sans volonté de les faire évoluer. Fitz est toujours centré sur lui-même, plus occupé à broyer du noir qu'à prendre réellement soin de sa famille. Molly incarne la femme telle que je déteste la voir écrite, à porter son couple, sa famille et son domaine à bout de bras comme si c'était là sa juste place. La famille Loinvoyant est d'une fausseté odieuse, et la petite Abeille un reboot du jeune FitzChevalerie dans l'AR : une gamine taciturne et asociale aux capacités latentes. Mais de tous c'est Umbre qui m'a le plus insupportée : le papy sénile et espiègle ne trouve pas sa place dans cette histoire. Après dix années rangés bien au chaud d'un placard, les personnages de ce tome sentent tous la napthaline.

Et juste pour la pertinence, faudra aussi arrêter de légitimer les batârds Loinvoyants dans un Royaume où, par définition, ils ne devraient avoir le droit que de se faire oublier dans un coin de la Cour.

La conclusion n'est pas surprenante et le cliff-hanger très insuffisant (ou juste pas assez intéressant) pour me donner envie de poursuivre. J'ai lu beaucoup de livres : j'en ai adoré, j'en ai détesté, mais je crois que c'est la première fois que je regrette vraiment d'en avoir lu un. On ne m'enlèvera pas de la tête que les Six-Duchés se portaient mieux sans lui car ce livre a bousillé le souvenir que j'avais de cette histoire incroyable et de la fin parfaite de son treizième tome.
Lien : https://la-choupaille-lit.bl..
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