Ennemis publics

Echange épistolaire, genre volontairement suranné, entre deux écrivains. Ils parlent d'écriture, de littérature, de ce qui les rapproche (la littérature et le fait d'être des mal-aimés des critiques) et ce qui les sépare (un certain nihilisme pour l'un, un interventionnisme droit-de-l'hommiste pour l'autre). Ils parlent de ce que c'est d'être juif, d'avoir une mère absente, de la notoriété, de l'argent et de leurs désirs profonds, être aimé pour ce que l'on a de pire.

C'est assez émouvant de voir ces icônes audiovisuelles et littéraires se mettre (un peu) à nu, se livrer des secrets et petit à petit s'apprécier. Ils font, chacun, l'effort d'aller vers l'autre, d'éviter avec habileté les débats qui ne mèneraient à rien sans cacher leurs désaccords. En d'autres termes, on assiste, de l'intérieur, à une conversation intelligente et bienveillante, entre deux esprits brillants avec ce savant mélange d'esquive, de taquinerie, de sincérité, de faux-départs, de culture qui rendent cet exercice aussi savoureux. Une véritable conversation, ça aussi c'est suranné, ça ne se fait plus depuis longtemps mais c'est un petit bonheur que d'y assister. Un petit bonheur qui donne le sentiment d'être plus intelligent et plus humain après l'avoir lu.