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Critique de EtienneBernardLivres


Qu'elle était drôle et divertissante cette ancienne garde nationale de Paris ! Les costumes étaient d'une grande variété par le grand nombre de divisions aujourd'hui obsolètes : grenadier, chasseur, voltigeur, sapeur (pas pompier)…
Un bonnet d'ourson, un tablier blanc et une barbe démesurés caractérisaient le sapeur dont une hache ornait son épaule, soit à l'image de la légion étrangère lors du défilé du 14 juillet sauf qu'au lieu d'un casque blanc, la tête était surmontée d'un immense bonnet d'ourson haut de taille et que cet accoutrement était habituel, quotidien.
Les parades militaires bruyantes étaient nombreuses au cours de l'année, et les gamins de Paris étaient enivrés d'admiration à contempler le tambour-major et autres musiciens.

La garde nationale jouissait d'une réputation fort sympathique, le voltigeur brillait par son jaune poussin ridicule qui provoquait l'hilarité des passants, le grenadier impressionnait par la magnificence de sa tenue, le chasseur intriguait par sa flânerie et son indépendance…

On ne les jugeait pas sur le plan de l'utilité : le caporal faisait des patrouilles aléatoires avec une lourde garde nationale, peu mobile, passant son temps à chansonner, siffler… Si sonore que chaque voleur pouvait se fier à ses oreilles pour anticiper la présence de la garde nationale. Aussi, la garde arrêtait au mieux quelques tapageurs ivrognes lors d'une patrouille, le reste de la journée étant consacré à de la flânerie, quelques blagues ou encore à la surveillance étroite de l'épouse du caporal afin de vérifier si un amant ne s'était pas introduit, durant son absence, au domicile conjugal…

La conscription ou service militaire contribuait aussi à former la garde nationale mais il ne fallait pas espérer de voyages exotiques… Tout au plus, on patrouillait avec ses semblables avec une tenue Ad hoc imposée, de quoi répugner les dandys qui ne daignent se vêtir que de vêtements confectionnés par les grands tailleurs à la mode.

Tous les subterfuges grossiers sont alors utilisés : l'un s'appelle au travers de sa plaque d'immeuble « Madame Grosbois - sage-femme » ; un autre n'habite que des hôtels garnis et déménage tous les quinze jours ou au contraire se cloisonne entièrement dans un sombre appartement en achetant le silence de la portière…
Ils ne s'avouent pas vaincus quand ils sont découverts, ils ont encore de nombreuses ressources : feindre une maladie poitrinaire ou se présenter comme boiteux, portant des béquilles…
Le réfractaire le plus intraitable finit toujours par être mis sous prison pour une journée ou une semaine pour « délit de garde-nationale » ; courte peine qu'il acquitte avec complaisance, bien souvent multi-récidiviste.
Ces réfractaires sont inlassablement chassés par la garde-nationale, et quand l'un d'eux est enrôlé de force, il poursuivra lui-même d'autres réfractaires…Parfois la tête du malheureux réfractaire peut-être mise à prix, c'est dire le zèle qu'on met dans la recherche même si la peine est ridicule, il fallait bien s'occuper !

Louis Huart réhabilite sous l'angle du ridicule et du divertissement la garde-nationale « une foule de gens, mal intentionnés, prétendent qu'elle ne sert à rien ; en tenant ce propos léger, ils oublient qu'elle aura au moins servi, quelquefois à les faire rire » Une physiologie légère et souriante pleine de bonté par Louis Huart.
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