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Critique de Lencreuse


Lasse de son physique ingrat et de son fumet de poisson, la jeune "Morue" se désespère. Elle se rêverait bien aussi belle que les princesses promises aux rois. Mais entre sa basse extraction et sa laideur, aura-t-elle un jour droit à l'amour, se lamente-t-elle. Il n'y a bien que Pierre qui ne se moque pas d'elle et semble même franchement l'apprécier. Ce qui n'est d'ailleurs pas au goût de la mère du jeune garçon qui rêve meilleur – en tout cas plus joli – parti pour son fils. Un jour de grand désespoir, au bord de l'étang, Morue défait, par le hasard d'une larme versée, un sort. Elle libère ainsi la fée Mabel qui lui promet en remerciement d'exaucer un voeu. Et puisque sa modeste condition ne lui a pas donné le droit aux fées au-dessus du berceau, Morue demande ce qui lui fait tant défaut et qui, croit-elle, changerait sa vie à jamais : la beauté. La jeune fille ne croit pas si bien dire puisqu'à peine le sort jeté, chaque regard croisé ne voit plus en elle que la plus belle créature que la terre ait portée. Un voeu exaucé qui se révèle une véritable malédiction. Car les hommes ne peuvent, devant tant de perfection, se contenir et quelque soit leur âge, ils n'ont plus qu'une idée : la posséder, violemment, rageusement, férocement. Ils n'ont que faire de son consentement. Devant le chaos hormonal et sexuel, les femmes chassent Morue et sa mère du village. C'est en tentant d'échapper à ses incontrôlables agresseurs que Morue fait la connaissance d'Eudes, jeune chevalier, lui aussi tombé sous le charme. Il la rebaptisera « Beauté ».
Si Beauté a désormais ce dont elle rêvait et un homme qui l'aime, la jeune femme s'ennuie chaque fois que son amant doit aller chasser et s'occuper de ses terres, bref bosser quoi. Alors, lorsque c'est pour la guerre qu'il la quitte avec force promesses de retour, Beauté se languit tant et plus que d'impatience en mauvais conseils, elle va chercher d'autres bras pour se consoler. Et pas n'importe lesquels : ceux du roi en personne, qui, lui aussi ensorcelé au premier regard, est prêt à renier reine et rejeton princier pour les beaux yeux et les promesses d'amour et de plaisir de Beauté. Mais rien n'est simple avec Beauté. Et si la vie dont elle a tant rêvé n'était qu'une illusion ? Si le roi met tout en oeuvre pour lui fabriquer un monde idéal, il n'en demeure pas moins qu'il a un royaume à gérer et une guerre à affronter. Mais le sort qui enveloppe Beauté et les intrigues de cour compliquent la donne et font tourner les têtes, quand elles ne tombent pas.

Quel plaisir de retrouver dans cette série le trait et les couleurs D Hubert ! Décidément cet artiste avait le talent de suggérer tellement dans ses dessins. Inconstance et mensonges jalonnent ce conte et cette duplicité est merveilleusement rendue graphiquement : le dessin D Hubert rappelle sans cesse que sous les traits parfaits de Beauté se dissimulent Morue et ses oreilles décollées, ses traits ingrats, son besoin de plaire, sa peur de ne pas être aimée, à l'origine de bien des catastrophes. Personnage à l'innocence frôlant la bêtise, sans cesse ballotté entre un fantasme de vie et la réalité, Morue se cogne régulièrement aux conséquences de ses choix peu réfléchis. Rêvant que le monde qui l'entoure soit synonyme de beauté, la jeune femme se retrouve entourée au fil de ses aventures d'une extrême violence. Pourtant, elle semble rarement en tirer des leçons et c'est peut-être là que le bât blesse un peu côté scénario. Les mésaventures semblent se répéter pour arriver à un dénouement que j'ai trouvé très (trop ?) hâtif. Une lecture somme toute bien agréable et un vrai coup de coeur coté graphique, malgré un bémol pour le troisième tome que j'aurais préféré un peu plus appuyé sur l'évolution de Morue/ Beauté.
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