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Critique de rougetnoir


Avec une simplicité et une humilité toujours palpable et tellement émouvante, Isabelle Huc-Vasseur nous dépeint magistralement cette quête de la dernière chance où Louise part à la recherche de Thomas, son amour perdu, porté disparu en septembre 1918. La Grande Guerre est terminée depuis presque deux ans, mais les Terres éventrées de Verdun, de la Somme, du Chemin des Dames, n'en finissent pas d'ouvrir leurs plaies béantes pour n'offrir aux survivants que des paysages de dévastation, symbole morbide de la folie des Hommes.
Lors de son périple sur les chemins de survivance, arpentant les Terres brunes du Nord, Louise va découvrir un monde nouveau, qu'elle n'avait aucun pouvoir d'imaginer, un monde ravagé, à la fois sombre et lumineux d'espoir.
Un périple harassant certes, mais qui va forger en elle un puissant besoin d'amour et une force inextinguible, la poussant jusqu'à l'extrême limite de ses convictions, bousculant ses espérances, dévastée par ses doutes, jusqu'au bord de la rupture. Puis soudain, survient cet infime moment que l'on ne l'attendait plus, qui vous fait basculer brusquement dans la certitude que la route choisie était bien celle qu'il ne fallait pas manquer.
Avec quelle magie, quelle finesse, quelle subtilité, l'auteur nous emmène à la découverte de cet univers insoupçonnable, sur les chemins des dames du Nord, dans les corons où ces femmes, ces gens ont dans le coeur le soleil qu'ils n'ont plus dehors.
Alors que partout l'horizon se couvre des vestiges d'un désastre, Louise entre peu à peu dans la lumière de ses sentiments, malgré le cri déchirant des morts, des blessés, des gueules cassées, et grâce à la foi en sa quête. Pourra-t-elle retrouver son amour d'antan ? cet homme blessé qui l'attend quelque part peut-être, comme tous ces survivants qui ne savent plus vivre ; ou peut-être pas comme tous les morts anonymes que l'Histoire a enfoui au plus profond de l'absurdité, au nom de la France et de ses intérêts supérieurs, et surtout au nom de rien…
Oui, au nom de tous les morts de la Grande Guerre, les coquelicots des tranchées fleuriraient malgré la nuit dans les champs aplanis et verdoyant irrigués par le sang des sacrifiés, pour qu'au nom de la barbarie humaine le son doux des clairons retentisse dans la boue des souvenirs et des chagrins de ceux qui avaient tout perdu… Et de cette vie bouleversée, s'élèverait un jour le chant de ceux qui avaient eu la force et la chance de pouvoir se relever. Un chant unique, brisant la nuit, que les survivants, héros bien malgré eux, pourraient peut-être écouter sans trembler…
Le chant de la Terre.
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