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Critique de Christophe_bj


Francia, qui à sa naissance s'appelait Ruben, puis s'est fait nommer Ruby et travaille sous le pseudonyme de Magda, est une femme transsexuelle colombienne qui se prostitue au Bois de Boulogne. le livre commence par un chapitre zéro racontant comment elle s'est fait faire ses seins. Puis il entrelace des chapitres sur sa vie, avec de nombreux retours en arrière en Colombie, et celle de ses dix-sept clients au cours d'une même journée, le dimanche 12 mai 2019. L'autrice fera elle-même quelques apparitions dans son roman sous l'appellation quelque peu niaiseuse de « la Griffonne ». ● Ce que j'ai préféré dans ce livre, c'est son style, dynamique, riche, inventif, moderne. Il est très agréable à lire et souvent on se dit « comme c'est bien formulé, ça va droit au but, c'est percutant ». ● L'aspect catalogue, qui aurait pu être un défaut dû à la construction du roman, ne m'a pas gêné, car les chapitres sont tous liés, y compris ceux concernant la vie des clients, ça ne fait pas du tout recueil de nouvelles. ● Nancy Huston commence, dans son prologue, par répondre à une objection qui pourrait lui être opposée, celle de l'« appropriation culturelle ». « [S]'il est vrai que j'ai assez peu pratiqué le métier de pute, nos métiers se ressemblent dans le fond : jour après jour, on doit laisser pénétrer en nous des gens qu'on ne connaît pas et, sans se confondre avec eux, chercher à les comprendre. Je suis en quelque sorte une pute du cerveau : du moment que ça " rapporte" (de la matière pour un livre), mon esprit est prêt à se mettre en tandem avec tout ce qui passe. » Sa façon de s'en sortir me paraît un peu facile, mais de toute façon pour moi cette objection est sans fondement. Si l'on ne pouvait pas se mettre à la place d'autrui, comment alors écrire de la fiction ? ● Mais l'autrice n'hésite pas toujours devant les clichés qui l'arrangent : « En somme, tout le monde est pute. Tous, nous cherchons à faire plaisir à l'autre pour en tirer ce dont nous avons besoin. » ● Ce que j'ai le moins apprécié dans ce roman, c'est son idéologie, et notamment sa charge contre le catholicisme. Non que je sois pratiquant ni que cela me choque, mais je trouve ces critiques à la fois dérisoires et lâches. Cela revient à tirer sur une ambulance. « Encore aujourd'hui, le délire païen, le ramassis de superstitions primitives qu'est le catholicisme tient en laisse un pourcentage important de la population française. » Un pourcentage important, vraiment ? ● D'ailleurs elle reconnaît elle-même son erreur dans un autre passage disant qu'en France les églises sont vides : « oui, ça les dérange, les souchistes, qu'à la Goutte-d'Or, à Barbès ou à La Chapelle, des musulmans prient dans la rue, par contre ils ne veulent pas les laisser construire des mosquées, par contre eux construisent des églises partout, dix par arrondissement en moyenne, par contre leurs églises sont vides parce qu'ils n'y croient plus beaucoup, à leur bon Dieu, par contre ils veulent bien chômer toutes les fêtes chrétiennes pour pouvoir partir en vacances, par contre ils sont laïques et ne favorisent pas une religion par rapport à une autre. » ● On voit bien que si c'est avec virulence qu'elle critique le catholicisme, sa position est tout autre avec l'islam. « C'est curieux comme le voile musulman dérange les souchistes, la perruque des juives orthodoxes par contre ne dérange personne, les vraies valeurs françaises c'est moins liberté-égalité-fraternité que surveillance-inégalité-mépris. » ● Son affiliation politique est dès lors claire comme de l'eau de roche. Elle la pousse jusqu'au ridicule lorsqu'elle écrit, par exemple : « On a abandonné la science aux militaires et aux banques, aux start-up et aux transhumanistes. » ● Enfin, peu lui importe l'opinion de ses lecteurs puisque c'est elle-même qui se qualifie de « romancière connue » (page 103) – le travail est déjà fait.
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