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Critique de RogerRaynal


Il s'agit d'un double recueil de nouvelles d'un auteur peu connu en occident. le premier recueil (au-delà) date de 1922, et le second de 1933. Ils ont donc été écrits dans deux Japon très différents, mais sont publiés, depuis leur rédaction, en un seul volume.

Ce sont des nouvelles très courtes (quelques pages, parfois une seule), ce qui permet de déguster cet auteur « à petite dose ». À la fin du livre, un bref commentaire permet de préciser le vocabulaire spécifique, les circonstances et la signification de certains éléments de langage ou symboles utilisés.

La première série de nouvelles correspond à la description de rêves, ou plutôt de cauchemars, de l'auteur. On pourra trouver ces textes un peu répétitifs, avec des ambiances et des récits qui se correspondent. Les marottes de Uchida, auteur haut en couleur (à 78 ans, il refusa sa nomination à l'académie japonaise des arts par une phrase restée célèbre : « je ne veux pas parce que… je ne veux pas ! »),  apparaissent : la tombée de la nuit, le ciel bas et lourd, les digues, la présence menaçante de l'eau sous toutes ses formes, l'obscurité. On flirte souvent avec l'absurde, mais tout cela est écrit avec classe et distinction.

La seconde série de nouvelles oscille entre rêveries, fantastique, souvenirs d'enfance plus ou moins romancés, mais avec une certaine impression de malaise, sinon de mal-être. On y trouve de rares textes difficilement soutenables de par leur charge émotionnelle, ou qui décrivent des comportements qui sont très éloignés de notre sensibilité, davantage, d'ailleurs, en raison de l'époque que de la culture japonaise. Toutefois, l'essentiel se lit fort bien, avec parfois un certain humour désespéré.

Il faut souligner le travail immense du traducteur Patrick Honoré, qui n'a pas eu la tâche facile : Uchida a été disciple ou ami d'auteurs très célèbres (Soseki, Ryônosuke), et Mishima le tenait pour le maitre du style de la langue japonaise. Reproduire ce style en français était presque impossible, et malgré tout on ressent cette maitrise à la lecture, ce qui montre la qualité du travail réalisé.

Au final, ce recueil, édité aux belles lettres (sur un très beau papier, peut-être écrit un peu petit, un peu serré) ne s'adresse pas vraiment à tout le monde : si vous aimez les nouvelles courtes et les univers de l'absurde, ou le fantastique à la Edgard Poe ou Kafka, vous trouverez votre compte. Les amateurs de littérature japonaise seront, eux aussi, comblés, tout comme les auteurs qui voudraient voir comment on trousse avec classe et distinction une nouvelle en une page. Par contre, les amateurs de récits actuels, ceux qui sont hermétiques aux double sens, voire au non-sens, passeront leur tour.

Lien : https://litteraturedusoleill..
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