Citations sur Mémoire et identité. Conversations au passage entre deux .. (10)
Je suis fils d'une Nation qui a vécu les plus grandes expériences de l'histoire, que ses voisins ont condamnée à mort à plusieurs reprises, mais qui a survécu et qui est restée elle-même. Elle a conservé son identité, et elle a conservé, malgré les partitions et les occupations étrangères, sa souveraineté nationale, non en s'appuyant sur les ressources de la force physique, mais uniquement en s'appuyant sur sa culture (page 104).
Alors qu'il instituait l'Eucharistie durant la dernière Cène, il dit : "Faites cela en mémoire de moi". La mémoire évoque des souvenirs. L'Église est donc, d'une certaine manière, la "mémoire vivante" du Christ : du mystère du Christ, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection, de son Corps et de son Sang. Et cette "mémoire" s'accomplit par l'Eucharistie. Il s'ensuit qu'en célébrant l'Eucharistie, c'est-à-dire en faisant "mémoire" de leur Maître, les chrétiens découvrent continuellement leur identité (page 174).
Après la période du magnifique développement de l'évangélisation qui, au cours du premier millénaire, parvint à presque tous les pays européens, arriva le Moyen Âge avec son universalisme chrétien : le Moyen Âge d'une foi simple, forte et profonde ; le Moyen Âge des cathédrales romanes et gothiques, et des extraordinaires sommes théologiques. L'évangélisation de l'Europe semblait non seulement terminée, mais aussi mûre sur tous ses aspects : mûres non seulement dans le champ de la pensée philosophique et théologique, mais aussi dans le domaine des arts et de l'architecture sacrée, ainsi que dans le domaine de la solidarité sociale (association des Arts et Métiers, confréries, hôpitaux…).
Les voies fondamentales de la formation de toute société passent par la famille : sur ce point, il ne peut y avoir aucun doute. Mais il semble qu’une observation analogue s’applique aussi à la nation. L’identité culturelle et historique des sociétés est sauvegardée et entretenue par ce qui est inclus dans le concept de nation.
Patriotisme signifie amour pour tout ce qui fait partie de la patrie : son histoire, ses traditions, sa langue, sa conformation naturelle elle-même. C’est un amour qui s’étend aussi aux actions des citoyens et aux fruits de leur génie. Tout danger qui menace le grand bien de la patrie devient une occasion pour vérifier cet amour.
En disant que l'évangélisation a apporté une contribution fondamentale à la formation de l'Europe, nous n'entendons pas sous-évaluer l'influence du monde classique. Dans son action évangélisatrice, l'Église a assumé en son sein et a modulé en des formes nouvelles le patrimoine culturel qui la précédait. Tout d'abord, l'héritage d'Athènes et de Rome, et également, par la suite, celui des peuples qu'elle rencontrait peu à peu dans son expansion sur le continent. Dans l'évangélisation de l'Europe, qui garantissait une certaine unité culturelle du monde latin en Occident et du monde byzantin en Orient, l'Église avançait en appliquant les critères de ce que l'on qualifie aujourd'hui d'inculturation.
On pourrait aussi réfléchir utilement à la contribution que l'Europe centrale et orientale est en mesure d'apporter à la formation d'une Europe unie. J'ai parlé de cela en diverses occasions. La contribution la plus significative que les nations de cette aire géographique peuvent offrir me semble la défense de son identité. Les nations de l'Europe centrale et orientale ont conservé leur identité et l'ont même consolidée, malgré toutes les transformations imposées par la dictature communiste.
La dangerosité de la situation dans laquelle on vit aujourd'hui réside dans le fait que, avec l’usage de la liberté, on prétend faire abstraction de la dimension éthique, c’est-à-dire de la considération du bien et du mal moraux. Une certaine conception de la liberté, qui trouve présentement un large écho dans l’opinion publique, détourne l’attention de l’homme de sa responsabilité éthique. Ce sur quoi on s’appuie est la liberté seule. On dit : ce qui importe, c’est d’être libres, d’être délivrés de tout frein et de tout lien, de manière à se mouvoir selon ses propres jugements qui, en réalité, ne sont souvent que des caprices. Il est clair qu’un libéralisme de ce genre ne peut être qualifié que de primitif. Son influence est donc potentiellement dévastatrice.
La patrie est le bien commun de tous les citoyens et, comme telle, elle est aussi un grand devoir.
La patrie est l’héritage et, en même temps, la situation patrimoniale qui découle d’un tel héritage ;cela concerne aussi la terre , le territoire. Mais plus encore , le concept de patrie implique les valeurs et l’aspect spirituel qui composent la culture d’une nation déterminée.