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Critique de Tandarica


En l'absence de toute mention particulière, mais au vu d'éléments extérieurs, je dirais qu'il s'agit ici d'une sélection de poèmes et non d'un recueil à part entière. Je commence par relever la qualité exceptionnelle de la traduction, en tout cas à mes yeux, il s'agit d'un travail remarquable. le sommaire indique, après chaque poème, entre parenthèses, les initiales du traducteur.

J'ai beaucoup apprécié l'emploi de mots rares érudits (comme l'indique le titre), et de certaines références littéraires, comme dans le poème très sombre « De nobis ipsis silemus » (p. 25), d'un rare pessimisme sur la nature humaine :

« Le tout n'a été qu'une suite de faux
et d'illusions, de mésententes grossières
et de frustrations abominables.
Nous avons été une faute —
une théorie compromise par le doute. »

Heureusement qu'il y a la nature avec ses autres êtres vivants, bien plus innocents, qui se présente dans des tableaux paisibles, bien que soumis à l'implacable passage du temps.

Ainsi, l'instant semble « amnésique », bien que désireux d'élévation :

« Tout, tout cela monte l'échelle
en feutre des nuages jusqu'où
la pluie rencontre Dieu
et retombe indifférente sur
la fournaise de cet instant amnésique » (p. 23)

L'homme est, au mieux, un rêveur et bon jardinier, le « merle messager du matin », « l'arbre [a les] dans le ciel », « les flocons tombent comme des lampyres ».

Certains poèmes sont de très beaux tableaux à l'image de haïkus plus longs :

« Doucement tu apprendras la patience
et le goût du silence ;
le rayon de lune, faisant bouger
l'énigmatique fleur de nénuphar,
éclairera la route à des guêpes dorées.

Ta veillée dans le carré de verdure
gardien de l'ombre
roi morose de l'heure qui passe
quelle étoile va-t-elle allumer aux cieux
et pour qui ? » (p. 8)

Dans « le poème » la réalité est décrite comme « un miroir embué » (p. 26).

Au milieu de tout cela, le poète comme passeur de vérités et d'un peu d'authenticité, comme dans dans cet autre « instant » de la page 34, où « une fourmi monte sur le portrait/de jeunesse du poète ». Je le vois aussitôt allongé dans l'herbe verte de la colline toute proche, ou bien discutant esthétique comme dans « Pharmacie Lyrique » (p. 51).


Des tableaux plutôt réussis et attachants, qui sont suivis de plusieurs poèmes portant tous le titre « ORBITE », qui forment un cycle à part, empreint d'un lyrisme plus prononcé et aux questionnements plus philosophiques.

J'ai adoré ici, celui de la page 64 qui commence ainsi :

« La scission entre réalité et verbe travaille aux racines
de la vitalité, le scepticisme et la ruse jettent des ponts de verre
sur les années et les coiffent de couronne impériale. »

Très beaux aussi les quatre derniers vers le recueil :

« Plutôt prendra-t-il le nom d'une plante,
d'un oiseau — leur fragilité le délivrera
du poids de l'être — leur sang dépourvu
de réalité, l'intolérance opprime » (p. 67).

Croquis et fresques de solitudes et silences mis en scène avec naturel, tout compte fait.
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