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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 646 à 650, parus en 2013, écrits par Kathryn Immonen, dessinés et encrés par Valerio Schiti, et mis en couleurs par Jordie Bellaire. Il s'agit du premier tome mettant en scène Sif comme personnage principal. Une connaissance superficielle de la mythologie de Thor à la sauce Marvel suffit pour pouvoir apprécier cette histoire. le précédent tome (Everything burns) achevait un cycle d'histoires consacrées à Loki, le frère de Thor, sans rapport direct avec la présente histoire.

De nos jours, à Asgard (le domaine des dieux nordiques), la cité tremble encore sous la dernière attaque de Surtur, et Sif (une déesse) participe au sauvetage de d'Arnor (l'une des filles de Volstagg le volumineux) dans la librairie du palais. Quelques jours après, elle accepte l'invitation à manger de Volstagg et sa femme. Mais il est visible que l'esprit de Sif est troublé par une préoccupation. Elle ne peut pas accepter que les guerriers d'Asgard (à commencer par elle) ne soient pas en mesure de défendre le royaume contre les menaces extérieures et que la cité soit détruite avec une régularité alarmante. Étant une femme d'action, Sif en conclut qu'elle doit augmenter sa capacité à se battre. Elle décide d'aller trouver la personne capable de faire d'elle un berserker (une guerrière possédée de la fureur du combat à la force décuplée) : Aerndis. Son voeu est exaucé et les ennuis commencent. Heimdall (son frère) a perçu le changement de comportement chez sa soeur (du fait de son niveau anormal d'agressivité) et décide de l'envoyer dans le monde où les précédents berserkers du royaume avaient été exilés.

Dans les précédents épisodes, Kieron Gillen avait su trouver le juste équilibre pour les histoires de ce Loki en adolescent, incorporant des morceaux de légendes nordiques à la version Marvel d'Asgard, avec un personnage central ambigu et très attachant. Kathryn Immonen allait-elle faire aussi bien avec la guerrière Sif ? Elle aussi a su créer des morceaux de mythologie nordique qui tiennent la route. Immonen sait trouver comment tordre le stéréotype du berserker pour le présenter sous un jour original. Elle part du personnage de Sif (peu employé ces dernières années) en évitant soigneusement d'en faire une mère ou un centre d'intérêt romantique. Elle la définit dès le départ (avec cette scène de sauvetage) comme un individu intégré dans sa société qui y prend une part active en participant à sa défense. À partir de là, la motivation de Sif découle de sa volonté d'assurer une défense plus efficace contre toutes les factions qui prennent Asgard comme cible. Sa morphologie et les réactions des individus autour d'elle atteste bien qu'elle est une femme, mais son personnage est avant tout défini par sa motivation, plutôt que ses attributs sexuels (Valerio Schiti a même le bon goût de lui dessiner une poitrine d'une taille réaliste, et de lui donner un costume qui évite de jouer sur la surface de peau montrée pout titiller le lecteur).

La personnalité de Sif étant ainsi établie, Immonen peut alors jouer de manière discrète sur les attentes du lecteur vis-à-vis d'un personnage féminin. Là encore, elle retourne les clichés dans la mesure où le caractère de Sif est modifié par sa composante berserker. du coup il est normal que Sif ne supporte plus les remarques sexistes (un chauffeur de taxi ayant mal choisi la cible de ses vantardises), qu'elle surpasse les hommes sur leur propre terrain du conflit en force physique, et que l'attitude protectrice de son grand frère (Heimdall) lui soit insupportable. L'intelligence d'Immonen est d'avoir traité cet aspect avec un brin d'humour. C'est ainsi que l'on peu voir le beau Fandral (très bel homme plaisant aux femmes) incapable de comprendre l'agressivité du Sif, ou encore 2 femmes effectuant des tâches ménagères (laver le sol d'un hall monumental d'Asgard) se faire rabrouer par Sif parce qu'elles acceptent cette corvée sans remettre en cause l'ordre établi qui veut qu'elle soit exécutée par des femmes. Cette composante humoristique est également développé par Schiti qui insère de temps à autre un gag visuel, soit gentil (la peluche en forme de Beta Ray Bill, un extraterrestre qui a manié le marteau de Thor), soit un petit peu noir (une créature magique décapitée qui a du mal à remettre sa tête qui a tendance à retomber), soit référentiel à l'univers partagé Marvel (la couverture du numéro 68 de "Journey into mystery" que lit l'un des enfants de Volstagg). En étant attentif, le lecteur pourra également reconnaître les personnages principaux d'une série télé (South Park).Immonen maintient également un lien avec l'univers Marvel traditionnel, puisqu'Asgard est toujours implanté sur les terres de Broxton dans l'Oklahoma, et Spider-Man fait une apparition.

L'investissement de Vitoria Schiti aboutit à des visuels assez développés qui permettent au lecteur un bon niveau d'immersion. Cela commence avec le costume de Sif, assez complexe dans ses décorations, et relativement fonctionnel avec cette plaque de protection assez souple sur le thorax. Il a apporté le même soin pour les vêtements des autres personnages, qu'il s'agisse des asgardiens ou des terriens. Sa vision d'Asgard n'est pas très originale : une architecture monumentale avec des relents nordiques moyenâgeux pour les habitations plus ordinaires (comme celle de Volstagg). Les monstres sont dotés d'une composante second degré discrète mais bien présente qui empêche de les prendre tout à fait au sérieux. Les séquences d'action sont impressionnantes et facilement lisibles, comme il sied à un comics de superhéros. Schiti fait même preuve d'un réel doigté pour représenter la furie guerrière propre à un berserker, en particulier quand Sif s'acharne en une suite de 7 petites cases (sur une même ligne) sur un monstre qu'elle a occis, avec force giclées de sang bleu, assez écoeurant. Les visages de ses personnages sont très expressifs, y compris pour des sentiments qui n'ont rien de primaire, ce qui renforce la portée des réparties sarcastiques ou moqueuses. le lecteur pourra juste regretter que Schiti (comme la majeure partie des dessinateurs de comics) estime que le décor a une importance toute relative lors des combats, et s'économise en ne les dessinant pas, ou alors de manière très esquissée.

Avec ce tome, Kathryn Immonen et Vitorio Schiti mettent en scène le personnage de Sif dans des aventures qui lui font honneur, avec une ambiance originale. le lecteur pourra juste regretter que la trame de fond est une histoire de "bons contre les méchants" basique. Il pourra par contre apprécier que Sif est une femme qui refuse le statu quo confortable du monde dans lequel elle vit, pour essayer de changer les choses. Il aurait fallu un peu plus furie et d'ambiguïté pour que Sif passe dans la catégorie supérieure comme Glory dans The once and future destroyer. Sif peut encore progresser dans le tome suivant : Seeds of destruction.
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