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Critique de gill


gill
02 décembre 2017
C'est certainement de ma part avoir sous-estimé "Fraudes et trafics en Cotentin" que de lui avoir accolé que l'étiquette du régionalisme.
En effet, dans les deux premiers tiers de ce petit livre mince et discret se cache un véritable livre d'Histoire, qui est suivi, dans son tiers restant, d'un recueil d'anecdotes aussi savoureuses que véridiques.
Car lorsque la légende et la chanson populaire viennent à se taire, il n'en reste pas moins de passionnantes histoires, dont au moins une, celle de la barrique trouvée au Nez Bayard, est digne du "Grand Guignol".
"le Haguard fraude comme il respire !"
Du moins un vieil adage le prétend ...
Paul Ingouf, historien cherbourgeois, a passé son enfance à courir dans la lande, sur les rochers en compagnie des "gabelous", à écouter leurs histoires dans le "gabion" de la pointe du Brulay, au vieux moulin de l'anse du Brick, près du ruisseau du Nid du Corps où s'effectuait la liaison des brigades de Fermanville et du Becquet.
Quelques années plus tard, devenu journaliste, il a voulu en savoir plus et découvrir les généralités historiques qui se cachaient, grâce à la tradition orale, derrière les quelques souvenirs anecdotiques accrochés à sa mémoire.
Il en résulte cet ouvrage, qui est une captivante page d'Histoire régionale, une "moderne chanson de geste Cotentine assaisonnée de brise marine" ...
Dans ce bout du monde, tout le monde se connaît.
Les femmes rencontrent les même soucis quotidiens, les enfants usent leurs fonds de culottes sur les même bancs d'école, les hommes se retrouvent au café.
"Jadis on saluait le douanier à midi, à minuit on le rouait de coups".
Le récit de Paul Ingouf est évocateur d'un monde aujourd'hui disparu.
Il en est d'autant plus précieux.
Il parcourt la Hague, nous présente de hautes figures, prend parfois, lorsqu'il leur donne la parole, une sonorité de vieux patois.
Il revient dans le Val de Saire, bien avant le temps de la carotte, lorsque la pomme de terre précoce faisait encore la richesse et la bonne réputation du "Pays".
Il est un hameau à Fermanville, "le hameau Renouf", que les gens ne désignaient alors que sous le nom du "hameau des fraudeurs".
C'était à la fin du XIXème siècle.
C'était au temps du père Lavieille, un armateur qui cachait plus souvent qu'à son tour le "p'tun*" dans le placard ...

* tabac de contrebande venu des îles anglo-normandes.
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