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Critique de andras


Dans ce court récit, JMG le Clezio revient sur la vie de son père, né à l'Ile Maurice, de nationalité britannique, devenu médecin après des études en Angleterre et qui a exercé toute sa carrière aux Colonies (Guyanne puis Cameroun et Nigéria) et est revenu ensuite passer sa retraite en France, à Nice. La guerre aura séparé la famille : la mère restée en France, y élève ses deux enfants, tandis que le père est resté en Afrique. JMG ne rencontrera son père qu'à l'âge de 7 ans quand, en 1948, il se rendra avec sa mère et son frère en Afrique où ils resteront quelques années. Le Clézio avait déjà raconté cet "épisode" africain de sa vie dans son roman Onitsha, que j'avais adoré. J'ai retrouvé avec délices ces paysages africains dont il a l'art de nous décrire toute la beauté, à la fois étrange et familière à l'enfant qu'il était. Et dans l'évocation des noms de villages ou de pays, on entend battre le coeur de l'Afrique : Benso, Bamenda, Ijama, Nyonnya, Bawop, Bakalung, Obudu, ... et le fameux sanctuaire de Aro Chuku, dont il avait amplement parlé dans Onitsha.

Dans ce récit qu'il veut davantage autobiographique que le précédent, Le Clézio tente de décrire cette rencontre entre l'enfant espiègle qu'il était, élevé par sa mère et sa grand-mère dans une grand liberté, avec cet homme austère, maniaque et brutal qu'était devenu son père, après des années de solitude affective et d'acharnement au travail dans cette ville d'Ogoja au Nigéria, si différente du pays enchanteur de Benso, au Cameroun, où il avait vécu avec sa femme avant la guerre. Quelques souvenirs, relatés avec beaucoup de pudeur, nous monteront à quel point cette rencontre fut difficile pour l'enfant.

D'un point de vue formel, ce livre est un vrai régal et Le Clezio s'y montre une nouvelle fois un merveilleux conteur. Sur le fond, je suis tout de même un peu frustré qu'il nous parle si peu de sa mère et de son frère, pourtant tous les deux présents lors de ces années africaines de l'auteur. De même, est escamoté ce qui s'est passé à l'île Maurice, ce "drame de Moka", qui a poussé le père à quitter cette île dont il gardera le souvenir comme d'un paradis perdu. Ces ellipses font bien-sûr partie du "style" de l'auteur qui raconte tout en retenant sa plume : les non-dits sont une partie de l'histoire. En témoigne aussi l'absence insolite de tout prénom dans ce récit, comme s'il s'agissait là d'un tabou. Comme le signe que le réel jamais ne peut se dévoiler tout-à-fait.
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