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Critique de Levant


Levant
16 décembre 2015
Violence et humanité. Le choc des antagonismes. C'est l'impression que me laisse cet ouvrage en le refermant.

"L'Afrique était puissante. Pour l'enfant que j'étais, la violence était générale, indiscutable". La violence est celle qu'engendrent le dénuement, la maladie sans espoir de guérison, le milieu hostile de la brousse africaine. C'est aussi celle du régime colonial sur sa fin de règne, peu enclin à soulager les souffrances des peuplades démunies, à mettre un terme aux luttes tribales lorsqu'elles génèrent des tragédies comme celle du Biafra. C'est enfin la violence qui atteint un enfant de sept ans, à l'âge où il fait connaissance avec son père, après la séparation imposée par les circonstances de la guerre. Transition brutale et radicale. L'enfant choyé, volontiers capricieux, se trouve confronté à la rigueur la plus stricte, parfois féroce, d'un inconnu, dans le dépaysement le plus total. "Tel était l'homme que j'ai rencontré en 1948… Je ne l'ai pas reconnu, pas compris. Il était trop différent de tous ceux que je connaissais, un étranger, et même plus que cela, presqu'un ennemi."

L'humanité ?
Il lui faudra beaucoup plus de temps pour la découvrir. Il lui faudra du temps pour s'apercevoir que ce père honni est un être qui refuse de se compromettre avec les travers de l'impérialisme colonial. Il consacre sa vie à soulager celle des autres.

Cette humanité, J-M-G Le Clézio la fera sienne. Il la fondera sur la connaissance des autres. Il conservera de son père sa vocation de voyageur, son goût pour l'expatriation. Il parcourra le monde à la rencontre des peuples malmenés par la suprématie des civilisations qui se disent développées.

L'Africain est aussi un ouvrage qui nous dit la grandeur des humbles, de ceux qui n'ont pas encore appris à se plaindre ou à quémander. Il fait partie des récits autobiographiques de l'auteur. L'écriture est simple et abordable. Le prix Nobel de littérature 2008 se met à la portée du lecteur que je suis.

Cette histoire singulière est passionnante. On y perçoit les valeurs qui ont construit le personnage, devenu, entre autre, l'écrivain consacré que l'on connaît aujourd'hui. Il dit et répète à qui veut l'entendre que notre monde est violent, qu'il faut faire œuvre d'humanité pour le rendre vivable.
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