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Critique de saphoo


Cher Monsieur le Clézio,

C'est un grand honneur d'avoir la chance de vous écrire par le biais de votre livre « Mondo et autres histoires », j'en suis ravie. Avant de livrer mon ressenti, peut-être, il vous serait agréable de savoir pourquoi j'ai choisi ce livre plus qu'un autre. le hasard est souvent mon meilleur arbitre, je le laisse s'immiscer et guider ma main vers tel ou tel livre. C'est par un beau matin d'hiver, que j'ai pris le chemin d'une bourse aux livres, endroit favori pour tout lecteur compulsif au budget restreint. Arrivée tardivement, les piles de livres avaient déjà bien fondu, un peu déconcertée, mais avec l'espoir de dénicher quelques exemplaires à moindres coûts, mon regard fut attiré par cette couverture tout en lumière contrastée par l'ombre chinoise de Mondo. le titre m'interpelle, je retourne le livre et en lis déjà une invitation au voyage. Marché fini, Mondo rejoint ma pile déjà bien grosse. Mondo, dormira quelques semaines avec ses congénères. A ce stade, je ne savais pas que j'avais misé 0.50 € pour un bonheur qui valait son pesant d'or.

Son tour vint, car cher Monsieur le Clézio, un livre ne s'impose pas, il doit arriver à point, et je dois dire, qu'il me tardait de le découvrir.

Ma découverte fut comblée aux premiers mots savourés, je fus transportée avec bonheur dans un pays d'eau, de lumière et de couleur, là où l'enfant règne au sein de chaque histoire. La grâce de votre plume et la finesse des descriptions embaument agréablement chaque récit que je qualifierais d'onirique. Vous débutez votre livre : Personne n'aurait pu dire d'où venait Mondo… et je vous réponds : Personne n'aurait pu imaginer un monde sans Le Clézio, avec son imaginaire débordant et pourtant si proche de la réalité, mais toujours à la frontière de deux mondes, le lecteur tanguant entre cette double sensation. La poésie nous emporte vers des contrées de légèreté et de douceur, mais pourtant, la réalité toujours nous rattrape comme un grand troupeau de chevaux, un nuage de poussière envahit soudain le récit, nous rappelant que la tranquillité n'est qu'un leurre ; pas de répit dans ce monde. Tous vos personnages sont attachants et atypiques, empreints d'un besoin de liberté, à la recherche peut-être d'un monde meilleur, là où l'Homme est resté humain avant tout. le prénom de ce garçon, rappelle tout à fait cette ronde incessante du monde, ou tout passe et rien ne reste.

La première histoire nous laisse deviner une lecture enchanteresse, les mots sont colorés et fruités, lumineux et chaleureux éveillant nos sens. Nous sommes propulsés au coeur du récit, comme intrus dans ces pages, touchant du bout des doigts, mais ce n'est que le rêve qui éclate comme bulle de savon. Malgré des phrases souvent courtes et simples, la richesse foisonne pourtant par ces savoureuses combinaisons d'un vocabulaire choisi avec goût. Il en ressort comme une impression de lire un auteur unique en son genre, en l'occurrence, vous, Monsieur le Clézio. Vous me laisserez longtemps un souvenir merveilleux et je prendrais plaisir à parcourir souvent vos histoires sans doute trop enfantines pour certains, mais pourtant ces « certains » devraient parfois se délecter à votre source afin d'adoucir leur esprit âpre et glacial.

Les histoires s'enchaînent avec naturel dans un univers quelque peu hostile que l'enfant innocent affronte avec l'espérance dans ses pupilles, sa force et son courage le portant aux limites de l'impossible. Ll'admiration nous targue, nous adultes, de tirer des leçons de ces récits imaginaires, et d'y puiser cette énergie incroyable par cette poésie qui regorge à chaque phrase.

Les éléments du vivant sont comme des fils d'Ariane au sein du conte, l'eau est le plus imposant en tant que paysage,ou sujet principal comme pour Daniel qui n'avait jamais vu la mer, cette eau en profusion, ces images océanes nous apaisent et nous vivifient à la fois, alors que surgit le désert. Tout est contraste, engendrant un rythme cadencé, lecteur funambule sur ce fil du meilleur comme du pire, une douce promesse nous tenant en haleine d'un bout à l'autre.

Vous lire, cher Monsieur le Clézio, c'est déjà le début de l'aventure qui vous taraude de titre en titre, nous offrant mille paysages, mille visages, mille histoires d'ici et d'ailleurs, pluralité des êtres qui fait la richesse de ce monde, cela vous avez su nous le transcrire.

Vous achevez ce recueil par : « Je m'appelle Gaspard… Je me suis perdu » en écho à cette phrase en point final, je vous souffle : qu'on aime à se perdre dans vos ouvrages, repoussant le moment fatidique de refermer le livre pour reprendre le train de notre vie… Merci pour cette belle échappée aux multiples saveurs et couleurs.

Ce n'est que du bonheur qu'on tient dans nos mains mais qui nous envahit des heures durant, parlant en mon nom et tous ceux des lecteurs qui n'auront pas eu la chance de vous écrire, mais celle de vous lire.

Recevez, Cher Monsieur le Clézio, toute mon admiration sincère.

Une lectrice passionnément vôtre.

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