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Critique de thedoc


Bercé par les lectures mythologiques que lui faisait sa mère enfant, Daniel avait imaginé un monde céleste, un pays idyllique du nom d'Ourania.
Bien des années plus tard, Daniel est devenu géographe. Il part au Mexique pour faire des relevés topographiques dans l'Ouest du pays. Dans le car, il rencontre Raphaël, un jeune Indien, qui lui parle de Campos, sorte de communauté idéale dirigée par le Conseiller, où chacun s'entraide et apprend à l'école de la vie. Daniel pense retrouver dans ce lieu son pays imaginaire, Ourania. Dans la Vallée, il découvre aussi un monde bigarré où se côtoient gros exploitants, intellectuels utopistes de l'Emporio, anciens révolutionnaires arrogants et filles des montagne qui se perdent dans les bordels de la zone rouge. Entre la colline des anthropologues et la montagne fumante où les petits gamins cherchent des trésors parmi les immondices, le Mexique s'étale dans toutes ses contradictions.

JMG le Clézio, grand voyageur, nous fait partager dans ce roman son expérience mexicaine à travers le voyage initiatique de son personnage Daniel. de son rêve utopiste de la société idéale de Campos à l'université multiculturelle de l'Emporio qui rassemble chercheurs et philosophes, la Vallée qu'il nous décrit est au premier abord une région riche et prometteuse qui s'est développée au profit des gros exploitants de fraisiers. Mais qui dit richesse dit cupidité et c'est au détriment de ses rêves utopistes que la Vallée étale ses tentacules. Prospection immobilière, destruction de la culture indienne, tourisme sexuel et flux migratoires sont les vérités dénoncées dans ce roman qui nous décrit la violence de toute région touristique et cosmopolite.

JMG le Clézio n'a pas son pareil pour dénoncer le sordide tout en nous berçant de la beauté de ses mots. L'écriture est simple mais prégnante, on assiste à des scènes plus vraies que nature : les SUV qui tournent le soir sur la place, les petites putes indiennes serrées dans leur mini jupe alignées en rang d'oignon le long d'un comptoir crasseux, les gamins en guenilles qui triturent les ordures à la recherche d'un trésor, les pyramides aztèques où se mêlent touristes voyeurs et mendiants, les intellectuels qui se la jouent dans des cocktails et étudient d'un oeil froid la misère qui les entoure.

Voilà, c'est Le Clézio dans toute sa splendeur. Est-ce que l'auteur propose une vision trop naïve et sensible de la misère du monde ? Non, il nous parle de ce qu'il connaît, de ce qui existe. A l'heure où des murs ne cessent de s'ériger, l'histoire de Lili de la lagune , la petite fille des montagnes tombée dans la zone rouge et qui rêve de manger dans un "vrai" Mac Do, est d'une vibrante actualité.
Et pour contrebalancer l'horreur du monde, il faudra toujours des utopistes, comme Raphaël ou Dahlia pour tenter de nous sauver. Et des auteurs humanistes, comme Le Clézio, pour continuer à espérer.
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