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Critique de tynn


Chevalier blanc des contre-enquêtes en recherche de vérité.
Philippe Jaenada avait déjà brillamment refait l'histoire avec Sulak, destinée flamboyante d'un cambrioleur gentleman. Il revient dans un gros bouquin de 700 pages (il s'agit de s'y préparer) sur une affaire judiciaire de l'après guerre, qui déchaîna les passions dans le public, la presse et les prétoires.

Pour faire court, Pauline Dubuisson, étudiante en médecine de 26 ans, tue son amant Felix de trois balles de revolver et est condamnée à la perpétuité.
Un drame passionnel et passionnant pour une France avide de sensationnel, une instruction manifestement à charge que le recul du temps permet de décortiquer dans ses lacunes et ses contradictions.

Accumulant telle la fourmi les témoignages, les rapports judiciaires, les papiers presse, Philippe Jaenada ne laisse rien dans l'ombre, et met en lumière les incohérences des enquêtes de moralité, la part de rumeurs et de ragots, le déchaînement journalistique et la pression populaire. Il dresse un portrait de femme intime, avec réalisme et empathie, s'autorisant une psychologie de bon sens, déchargée de toute pression.

C'est un récit, dramatique et touchant, empli de vitalité par une plume caustique et ironique. L'humour et l'autodérision font bon ménage pour alléger le propos. Les fameuses digressions de l'auteur, la plupart du temps justifiées, peuvent agacer mais m'amusent beaucoup. L'écriture est décomplexée et naturelle, qui s'adresse au lecteur comme en conversation.

On peut aussi saluer un travail d'enquête approfondi, un reconstitution historique maitrisée ( la poche de Dunkerque dans la tourmente de la guerre est cinématographique).
J'ai rarement lu un auteur capable de si bien montrer son plaisir d'écrire. On sent une boulimie, les mots se bousculent, les faits s'empilent, les sentiments personnels s'intercalent, les histoires parallèles s'incrustent dans le sujet principal.

Sa fascination pour son sujet est telle que l'on peut sans doute lui reprocher de pêcher par excès. On pourrait finir asphyxié mais il nous garde captif.
Un excellent roman!
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