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Critique de folivier


Une enquête romancée sur le parcours tragique de Pauline (Andrée) Dubuisson condamnée en 1953 à vingt ans de travaux forcés pour avoir assassiné son amant Félix Bailly. Philippe Jaenada reprend l'enquête, décortique les procès verbaux d'interrogatoires, les compte rendus d'audience, étudie l'enfance, l'adolescence de Pauline pour comprendre cette vie d'une très jeune fille durant l'occupation allemande à Dunkerque, l'éducation stricte à la limite autiste qu'elle a reçue de son père et qui lui fera si grand tord par la suite. Philippe Jaenada révèle les "heureux" oublis, les mensonges, les manipulations que l'accusation a utiliser pour écraser Pauline. Au-delà ce ce triste fait-divers, c'est toute une société de l'après guerre qui nous est révélé, engluée dans des valeurs et une conception notamment du rôle de la femme qui volera en éclat en 1968. Une société qui sort de cinq ans de collaboration et qui en guise de bonne conscience se réfugie dans un nationalisme de bon aloi et jetant leur hargne et soif de vengeance sur ceux que l'on soupçonne de s'être compromis avec l'occupant mais principalement ceux qui ne pourront pas se défendre, les plus faibles, ceux qui n'ont pas de connaissance ou de pouvoir. Mais est-ce que les choses ont vraiment changés ? Est-ce que par exemple les médias ont appris à prendre du recul, éviter de jeter en pâture à l'opinion des personnes, des vies sans objectivité, en manipulant les faits, pour faire l'audience ? Est-ce que face à un crime odieux, nous savons écouté avant de juger ? C'est l'intérêt je pense de ce livre qui au travers de ce fait divers nous alerte sur la nature profonde de l'homme qui dans des moments de stress ou post-traumatique, comme la fin de la seconde guerre mondiale et la reconstruction, a besoin de jeter son angoisse par la colère, la haine, le lynchage réelle ou virtuel, quitte à se réveiller le lendemain abasourdi par la violence qui a pu exploser. le style de Philippe Jaenada avec ses appartés, ses traits d'humour noir, ses interpellations outrées à distance des acteurs de cette tragédie apporte du rythme, casse la tension, même si parfois l'usage est un peu abusif à mon sens. Roman agréable à lire.
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