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Critique de Allantvers


Deux avis différenciés pour cet ouvrage à deux têtes, dont il est, au final, plutôt complique de faire la synthèse : l'un enthousiaste pour le volet 'Roman' qui m'a emballée, l'autre plus nuancé pour le volet 'Commentaires' qui me laisse plus perplexe.

Le roman dans le roman retrace la vie d'un homme de guerre qui aura traversé vingt ans d'expérience belliqueuse française depuis les maquis de la deuxième guerre mondiale jusqu'à ceux, plus glauques, de la guerre d'Algérie, en passant par les remugles piteux de celle d'Indochine, le tout en parvenant à préserver son âme grâce à son silence, et à la maîtrise du dessin.
Cette partie-là est passionnante, très inspirée, écrite avec verve et couleur, et offre à son lecteur une plongée dans l'acide de la guerre crue, ses errances, ses temps de néant, de violence, ses motivations triviales, sans rien cacher de ses échecs patents. Cette 'plongée dans l'acide' est quasiment palpable, que ce soit la moiteur morbide de la jungle tonkinoise ou les sous-sol nauséabonds de la villa algéroise où les paras commettent leurs pires exactions. Un récit dur, violent, mais réellement jouissif.

Les excroissances du roman, dans lesquelles le narrateur, au contact du héros guerrier du roman dont il écrit l'histoire (premier effet miroir) pendant que ledit guerrier lui apprend à peindre (deuxième effet miroir) , traîne son état végétatif tout en faisant l'exégèse du roman du guerrier (troisième effet miroir, on commence à saturer), ces excroissances donc, ou commentaires, ou que sais-je, servent à poser avec une réelle virtuosité de plume mais de lassants effets de répétition, la thèse du roman selon laquelle la France, ne s'étant jamais remise de l'humiliation de 1940 ni de la colonisation, perpétue un racisme vengeur jusque dans son approche actuelle de l'immigration et la perception de "l'autre", la langue française ne suffisant pas aux plus frustrés à jouer son rôle historique de ciment. Une thèse qui se défend et est amenée de façon bien plus brillante et fine que ces pauvres lignes, mais dont personnellement je regrette que l'auteur n'ait pas été au bout de sa démarche littéraire en en réussissant la mixtion avec la trame romanesque.

Au final, une lecture dense et enfiévrée d'un roman virtuose mais qui parait inabouti, et peut-être cherche à trop dire.

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