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Citations sur Trois hommes dans un bateau (sans oublier le chien) (97)

Je ne connais pas de sensation plus forte que de naviguer à la voile. Cela tient du vol, et l’on n’y trouve d’équivalent que dans les rêves. Le vent vous emporte sur ses ailes, vous ne savez où. Vous n’êtes plus cette créature lente, lourde, pétrie d’argile, qui se traîne péniblement sur le sol. Vous faites partie de la Nature ! Votre cœur bat contre le sien ! Ses bras admirables vous soulèvent et vous pressent sur son sein ! Votre âme communie avec la sienne ; votre corps se fait léger ! Les voix de l’air vous bercent de leur chant. La terre vous paraît lointaine et minuscule ; et vous tendez les bras à vos frères les nuages.
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Dans l'église se voit le monument de Mrs. Sarah Hill, qui légua une livre sterling annuelle, à répartir le jour de Pâques entre deux garçons et deux filles « qui n'ont jamais désobéi à leurs parents et qu'on a jamais surpris à jurer ni à dire des mensonges, à voler ou à casser des carreaux ». Pensez donc, tout cela pour cinq shillings par an ! Ce n'est vraiment pas payé.
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Ce n'est pas pour être insultant, mais je crois fermement que si vous preniez une cordelle au hasard, après l'avoir étendue bien droite de tout son long au milieu d'un champ, il vous suffirait de lui tourner le dos trente secondes pour découvrir, en la regardant de nouveau, qu'elle s'est rassemblée toute en un tas, au centre du champ, et s'est entortillée sur elle-même et toute remplie de nœuds, qu'elle a perdu ses deux bouts et qu'elle n'est plus que boucles. Vous mettriez une bonne demi-heure, assis là sur l'herbe et sans cesser de jurer, pour la débrouiller.

Telle est mon opinion sur les cordelles en général. Bien entendu, il peut y avoir des exceptions honorables : je ne dis pas le contraire. Il peut exister des cordelles qui fassent honneur à leur corporation – des cordelles consciencieuses et respectables, des cordelles qui ne se prennent pas pour un ouvrage au crochet et ne tentent pas de figurer un dessus de canapé dès l'instant où on les laisse à elles-mêmes. Il se peut, dis-je, qu'il y ait de ces cordelles-là. Je souhaite sincèrement qu'il en existe. Mais je n'en ai pas encore rencontré.
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Il y avait [un baromètre] au mur dans un hôtel d'Oxford où je fis un séjour au printemps dernier. Lors de mon arrivée, il marquait « beau fixe ». Dehors, la pluie tombait tout bonnement à seaux, et elle n'avait pas cessé de tout le jour. Cette contradiction me parut singulière, et je tapotai le baromètre, qui fit un bond et marqua « très sec ». Le garçon de l'hôtel s'arrêta et me dit qu'à son idée le baromètre parlait du lendemain. Je demandai si par hasard il ne pensait pas plutôt à la semaine précédente : mais le garçon me répondit qu'il ne le croyait pas.

le lendemain matin, je tapotai de nouveau le baromètre, et il monta encore plus haut, tandis que la pluie tombait toujours plus dru. Le mercredi, j'allai de nouveau donner un coup. L'aiguille se mit à tourner vers « beau fixe », « très sec » et « forte chaleur », et elle ne s'arrêta qu'en rencontrant le butoir, qui l'empêcha d'aller plus loin. Il était plein de bonne volonté, cet instrument, mais il était construit de façon à ne pouvoir, sans ce briser, prédire un beau temps plus intensif encore. Son intention évidente était de continuer à monter et de pronostiquer sécheresse, disette d'eau, insolation, simoun, et autres fléaux analogues, mais le butoir l'en empêcha, et il dut se contenter d'indiquer ce banal « très sec ».

Pendant ce temps-là, la pluie tombait en un torrent continu, et la partie basse de la ville était déjà inondée par suite du débordement du fleuve.
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Il semble qu'on tienne en réserve, à mon intention, un vent d'est particulièrement aigre, quand je vais me baigner de grand matin ; on trie tous les cailloux pointus pour les mettre par-dessus les autres, on aiguise les rochers et on dissimule leurs pointes sous une légère couche de sable, pour que je ne les voie pas, et on emmène la mer à trois kilomètres, de sorte que je suis obligé de serrer mes bras contre moi et de sautiller, tout grelottant, dans quinze centimètres d'eau. Et quand j'arrive à la mer, elle est glacée et tout à fait agitée et mufle avec moi.

Une énorme vague m'enlève et me plaque, de toutes ses forces, en plein sur un rocher qu'on a mis là pour moi. Et avant que j'aie pu crier : « Aïe ! Houlà ! » et me rendre compte des dégâts, la vague s'en retourne et m'emporte au large. Je me mets à nager frénétiquement vers le rivage, me demandant si je reverrai jamais mon chez moi et mes amis, et regrettant de n'avoir pas été plus affectueux envers ma petite sœur quand j'étais gamin. Je viens juste d'abandonner tout espoir, lorsqu'une vague, en se retirant, me laisse étalé sur le sable comme une étoile de mer, et en me relevant, je me retourne et découvre que je viens de nager comme un perdu dans soixante centimètres d'eau. Je regalope vers la place, me rhabille, et rentre la tête basse à l'hôtel, où il me faut faire semblant d'avoir pris un bon bain.
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Fait curieux, personne n'a jamais le mal de mer – à terre. En mer, on rencontre des tas de gens très malades, par pleins bateaux ; mais je n'ai encore jamais rencontré personne, à terre, qui ait jamais su ce que c'est que d'avoir le mal de mer. Où ces myriades de mauvais marins qui grouillent sur chaque bateau peuvent bien se cacher quand ils sont à terre, c'est pour moi un mystère.
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[P]our en revenir à la réclame des pilules pour le foie, j'avais indéniablement les symptômes, dont le principal est « une aversion complète pour le travail sous toutes ses formes ».

Ce que je puis souffrir de cette façon-là, il n'est pas de mots pour le dire. Dès mes toutes premières années, j'en fus le martyr. Pendant mon enfance, cette maladie ne me quitta pas un seul jour. On ne savait pas que c'était de la faute de mon foie. La science médicale était beaucoup moins avancée qu'aujourd'hui, et on attribuait cela à la paresse. On me disait :
— Mais, satané petit fainéant, secoue-toi ! Tu ne feras donc jamais rien pour gagner ta vie ?

On ne savait pas, bien entendu, que j'étais malade. Et, au lieu de m'administrer des pilules, on m'allongeait des taloches. Et, si singulier que cela puisse paraître, ces taloches me guérissaient souvent – pour une heure. Certaines de ces gifles ont eu plus d'effet sur mon foie, et m'ont beaucoup mieux inspiré le désir de me mettre à la besogne sur-le-champ que ne le fait à présent toute une boîte de pilules.
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Ce livre est aux antipodes de ceux de Balzac.

A lire dès le collège
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... La Tamise devient alors un fleuve de cauchemar au pays des regrets inutiles.
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Pour ma part j'adore les écluses. Elles interrompent fort agréablement le labeur monotone du rameur penché sur ses avirons. J'aime être assis dans un bateau qui s'élève lentement des froides profondeurs pour atteindre de nouveaux espaces, des paysages encore inconnus. J'aime aussi descendre dans les abîmes, comme si le monde disparaissait autour de moi, puis attendre là, immobile : les lourdes et sombres portes s'écartent alors dans un grincement, dessinant un ruban de lumière qui s'élargit peu à peu jusqu'à ce que le fleuve, à nouveau, s'étende devant mes yeux, aimable et souriant, prêt à accueillir le bateau libéré de sa brève prison.
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