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Critique de Ecarlate


Le titre est incontestablement bien trouvé. Il rend hommage au roman noir, avec un détective appelé McNihil on peut difficilement faire plus éloquent, l'univers est noir, et le personnage, car nous sommes en science-fiction, plus précisément en cyberpunk, s'est fait greffer des yeux lui permettant de voir… tout en noir. Plutôt en noir et blanc, car le système informatique adapte la réalité à sa vision systématiquement en y substituant des images des films Noir, évidemment, des années 40. Ce qui permet d'ailleurs au personnage de dire qu'il voit la vraie réalité, puisque le système ne pouvant tout remplacer, cela lui permet notamment de remarquer des détails que d'autres, noyés dans la réalité, ne verraient pas.

Subtil et désespéré, nous avons un Oedipe qui se promène dans cette Los Angeles du futur, et lui seul sait le vrai. L'image avec Oedipe vient assez facilement car il a un passif très lourd ce personnage, même si nous sommes évidemment bien loin de la tragédie grecque. L'ambiance désespérante, la course à la cupidité, la folie des hommes de pouvoir, l'avidité du miséreux, les manipulations tant psychologiques que génétiques… j'aime autant vous dire qu'il vous faut un estomac bien accroché. Mais si vous avez lu le Dr Adder du même auteur, vous apprécierez d'autant plus Noir qu'il le situe habilement dans le futur de ce roman, avec les Clomes (les clones médicaux Adder), trouvaille sympathique et sordide. Mais que se passe-t-il dans ce monde ?

La propriété intellectuelle est au coeur de toute richesse, vous fondez votre avenir et celui de votre famille autour de cette notion. Il y a donc l'Agence de Recouvrement qui traque sans pitié les pirates, et pour être sans pitié elle l'est : on arrache le système nerveux du pirate et on l'implante soit dans un grille-pain, soit dans une enceinte, puis l'objet est donné à l'ayant droit qui punira ainsi très longtemps le contrevenant. Suite à une sale affaire avec une cruelle Verrity, à la recherche du mystérieux endroit appelé l'Angle, domaine de tous les trafics, McNihil, un ancien asp-ion de l'agence, bosse en privé. Un cadre, Travelt, de la très grosse société DynaZauber, la DZ, a semble-t-il trop joué avec un « agent », une sorte de clone prêtant son corps pour vivre des expériences incroyables et le retransmettre à son maître. Harrisch, un ponte de DZ, demande à McNihil d'éclaircir se mystère. Celui-ci a bien compris que c'était un piège, mais lequel ?

Vous voilà prêt à errer avec McNihil, a aller au pays des morts voir sa femme, lui faire éviter November, la tueuse surendettée qui doit lui faire la peau, et qui d'une certaine façon sera ça rédemption, découvrir les odieuse manipulations de Harrisch, comprendre que l'Agence a si bien massacré les pirates qu'il lui faut bien trouver du gibier, bref, c'est noir, noir, noir, mais très bien amené et cohérent, avec des passages christiques (la scène du train accidenté est délirante). On ne vous en dira pas plus, hormis que de situer les nuages d'informations des hauts cadres dans les testicules et la langue parce que c'est bourré de terminaisons nerveuses, c'est génial.

Ah, et ces gens qui se font « digérer » pour vivre une sorte de partouze charnelle complètement connectée… D'ailleurs, « connecté »ou « connecteur » sont des termes péjoratifs dans cet univers. Et les enfants professionnels ? Envie de parler à un gosse ? Louez-le, il est un peu blasé mais essayera de vous aider à comprendre le monde. Et les tatouages mouvant, passant d'un corps à l'autre ? Et cette ceinture pacifique, Glossolalia, ceinturée de trains ? Pourquoi tant de trains : mais à cause des mouches Noh, dérive nanotechnologie qui les fait attaquer tout ce qui vole… Arrêtons-là. Notons que l'édition française comprend une postface de l'auteur, sans aucune ambigüité : la propriété intellectuelle est ce qui nourrit l'écrivain, à bas les pirates. C'est dit haut et fort.
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