Griffes d'ange

Rêve ou réalité, cauchemar ou viol. C'est assez trouble et troublant à la fois. Je pense que nous sommes dans un cas d'inceste. Une femme cherche à se reconstruire, après la mort de son père. J'ai fait de suite le rapport avec les chansons de Barbara, L'Aigle Noir et Nantes. Les textes sont lourds, indigestes. Les dessins froids et cruels. La femme doit se recréer, trouver sa liberté, son moi profond, redevenir ou devenir femme. Elle en veut au monde entier mais se pose d'abord en victime. Elle se mue en prédateur, devient homme, avec l'organe possesseur, dompteur, pour ensuite, après l'avoir consumé, le transformer en vagin. Redevenue femme, elle peut de nouveau se sentir remplie, inhibée de sa culpabilité d'être celle qu'on peut pénétrer. Parcours compliqué, douloureux. Elle s'écorche et nous écorche, plonge au plus profond du dégoût d'elle-même et du genre masculin, pour, au final, se transformer en un être mutant qui n'est pratiquement plus qu'un sexe qui n'a pour charme que de la laideur. Dur, ce livre illustré, violent, insoutenable. Si son seul but est d'émouvoir, il y arrive mais en empruntant le chemin de la répulsion. Qui ose encore dire que la vocation de l'art est de révéler la beauté ?