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Critique de LaGeekosophe


Je voulais me lancer depuis longtemps dans ce pilier de la fantasy des années 90. Mais il est vrai que tout lecteur aguerri, en particulier doté d'une PAL abondante, aurait une appréhension à se lancer dans cette saga de plus de 10 tomes. L'oeil du monde de Robert Jordan est de plus un pavé de belle taille avec ses plus de 1000 pages (1024 plus exactement, j'ai l'intégrale publiée chez France Loisirs). Alors, qu'en ai-je pensé ?

Alors oui, on fait clairement face à de la fantasy très classique aux premiers abords. A un tel point qu'on pourrait faire un bingo des clichés. Une histoire d'élus qui concerne des jeunes villageois apparemment sans histoire ? Oui, nous avons cela. Un méchant si méchant et mystérieux qu'il s'appelle simplement le Ténébreux pendant une bonne partie de l'intrigue ? Carrément ! Un ordre de magiciennes craint pour d'obscures raisons ? Elles sont là. Des sbires horribles et inhumains qui traquent sans relâche notre groupe de héros ? hahaha, et ils s'appellent les Trollocs et c'est un mélange d'humains et d'animaux. Robert Jordan s'appuie dans un premier temps sur une recette qui a fait ses preuves, le début du roman m'a vraiment rappelé le seigneur des anneaux.

Mais j'ai finalement accroché pour une raison très simple : l'auteur maîtrise assez bien ses archétypes pour les détourner légèrement de leur rôle attendu. C'est par exemple le cas de l'histoire des élus. Dans l'oeil du monde, ils sont trois, tous les trois très différents. Si le plus important semble être Rand Al'Thor dans un premier temps, chacun d'entre eux développe ses propres particularités. le livre explore aussi le poids psychologique du fait de se retrouver au centre d'une histoire qui nous dépasse et dont on n'a pas toutes les clés. le roman éveille donc la curiosité sur quel rôle ils vont jouer dans la grande trame qui va se tisser à travers ce si grand nombre de tomes. On sent également qu'il y a des cachotteries autour de l'identité du grand antagoniste, qui prend plusieurs noms au fil de l'histoire pour mieux brouiller les pistes.

Le deuxième élément séduisant est l'univers créé par l'auteur. Robert Jordan construit un univers fourmillant comptant de nombreux aspects. Il y a par exemple de nombreuses références à des histoires et des légendes lointaines qui sont comptées, prenant sens au fil de la lecture, notamment car il y a un principe de réincarnation. Il y a également un début de tissages politiques, notamment autour d'une famille royale importante, ce qui laisse apparaître de nombreux développements pour la suite de l'histoire. La magie est également très présente. C'est notamment via la présence des Aes Sedai, des magiciennes ayant une mauvaise réputations, mais dont l'ordre est divisé en plusieurs groupes ayant chacun des buts différents, ce qui laisse paraître des dissensions possibles. Il y a également de multiples peuples qui sont évoqués : les Aiels, les zingaris, les ogiers…

En conséquence, le livre peut se montrer un peu bavard et descriptif. C'est qu'il pèse ses 1000 pages, le bougre ! Mais l'auteur a une bonne maîtrise de la narration et distille à la juste dose son lore démesuré. Je dois avoir avoir ressenti un peu de lassitude, notamment lorsque le groupe de retrouve séparé, chacun sur leur propre route. Je ne suis pas adepte des récit de voyage en fantasy. L'oeil du monde n'y fait pas exception, j'y ai trouvé quelques longueurs à cause d'un schéma répétitif : route, auberge, combat, route, auberge… Mais heureusement, c'est aussi l'occasion de découvrir un peu plus du monde et des peuples qui l'habitent, ce qui a permis d'alléger un peu le récit.

'ai trouvé que l'une des grosses faiblesses du roman était les personnages. C'est assez étonnant, car l'auteur met pourtant un grand soin à essayer de les rendre épais, notamment à travers leurs difficultés. Il n'y a finalement que Rand qui ait fini par m'intéresser, car il évolue assez bien de fermier un peu niais pour devenir un jeune homme en proie au poids d'un destin qu'ils ne maîtrisent. Je trouve que le personnage de l'ogier est intéressant aussi mais on ne le voit pas beaucoup. Les autres personnages principaux sont particuliers. Moiraine et Lan sont trop mystérieux pour que l'on s'y attarde vraiment. Nynaeve et Egwene sont finalement assez stéréotypées et font un peu “Doublon” tant leur rôle est similaire… C'est dommage. On n'échappe par ailleurs pas au cliché que toutes les femmes sont, bien sûr, très belles mais assez caractérielles, car ne sont-elles pas des créatures insondables et opaques ?

C'est dommage car il y a une vraie volonté de mettre un scène un nombre important de personnages, de personnages qui en plus tendent à s'éloigner des clichés éculés. Perrin est par exemple présenté comme un peu lent mais évolue pour devenir plus mature et obtient au fil de l'histoire de nouvelles capacités qui ne manquent pas d'intérêt. Pour Mat, il semble au contraire plus manipulable et instable qu'il n'y paraît au premier coup d'oeil… Il est donc difficile de se faire une idée assez complète dans un tome qui semble poser petit à petit les pièces d'un plus grand schéma.

L'oeil du monde s'est plutôt montré à la hauteur de sa réputation. Nous avons affaire à un tome certes introductif, mais qui parvient à imposer une mythologie dense et bien maîtrisée. Il y a de nombreux peuples et légendes qui se côtoient, ainsi que de nombreux mystères. Si les archétypes sont présents, ils sont assez détournés pour garder le lecteur intéressé le long du livre. le roman a par ailleurs des défauts habituels à ces cycles, à savoir à se montrer assez bavard. Certains vont adorer, d'autres vont détester, mais c'est aussi ce qui permet d'installer une trame plus vaste au fil des tomes qui vont suivre. En tout cas, on ferme la dernière page avec l'envie de lire la suite ! Et ça, c'est top.

Lien : https://lageekosophe.com/202..
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