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Critique de LightandSmell


Encore un roman de la collection Instants suspendus des éditions de l'Archipel qui m'a fait passer un joli et beau moment de lecture. Cette collection est parfaite pour découvrir des histoires pleines d'humanité dans lesquelles on prend un plaisir certain à suivre des personnages sur la voie de la guérison et/ou de la reconstruction et de l'épanouissement personnel.
Une soirée, un drame, quatre vies chamboulées !

Une soirée, il aura fallu une unique et seule soirée pour que l'existence de Bérénice, Ulysse, Madeleine et Georges prenne un tournant dramatique. La première décède, le second porte le poids de sa mort sur la conscience puisque le doute persiste : Bérénice, aurait-elle survécu à son overdose si Ulysse n'avait pas décidé de raccompagner cette inconnue chez elle alors qu'il n'était pas en état de conduire ?

Quant à Madeleine, la conductrice de la voiture percutée par Ulysse, elle ne peut s'empêcher de se sentir coupable alors qu'elle est également une victime collatérale de l'inconscience d'Ulysse. Entre les deux, comme une ombre, planent Georges, le père de Bérénice, et Églantine qui n'est pas encore en âge de comprendre que sa mère ne reviendra jamais. Et puis, arrive en cours de roman, Aliénor qui porte en elle ses propres blessures et traumatismes…
Un roman lumineux dans lequel chacun va apprendre à se (re)construire…

Le roman aurait pu être triste et pesant, il est doux et lumineux. Bien sûr, il y a de la tristesse, des pleurs, et ce syndrome du survivant qui colle à la peau des deux conducteurs, mais il y a aussi beaucoup d'espoir, une réelle volonté de se battre, de l'amour, de l'amitié, des instants hors du temps illuminés par la capacité des humains à renaître de leurs cendres. Malgré le point de départ, le roman se révèle donc très positif et m'a même souvent fait sourire, mais l'autrice ne règle pas tous les problèmes d'une baguette magique. Les personnages vont devoir puiser au fond d'eux-mêmes et dans leurs relations, la force de se battre et de surmonter leurs blessures qu'elles soient physiques et/ou psychiques.

Ulysse va, par exemple, devoir apprendre à apprivoiser un corps qui ne sera plus jamais le même et à vivre avec son sentiment de culpabilité sans se laisser submerger par sa honte, d'autant que le propre père de Bérénice ne souhaite pas sa déchéance. Pour la mémoire de sa fille, il espère que ce jeune homme finira par offrir au monde une meilleure version de lui-même. Et c'est exactement ce qu'Ulysse va s'échiner à faire en renonçant à son ancienne vie de consultant vide de sens, et en renouant avec une ancienne passion. S'éloignant de ses anciennes relations avec lesquelles il n'a jamais rien partagé d'important, il trouvera heureusement du réconfort auprès de ses parentes, de Madeleine avec laquelle il va devenir ami, puis d'une personne lumineuse, mais portant en elle ses propres zones d'ombre.
Des personnages attachants et sensibles liés par le destin !

Vu le point de départ du roman, je ne pensais pas autant m'attacher à ce personnage. Ulysse n'est pas la cause directe de la mort de Bérénice dont le déclin a commencé bien avant leur fugace rencontre, mais je n'ai pas d'affection particulière pour les individus qui prennent le volant en étant ivres et drogués. J'ai néanmoins été touchée par sa personnalité, sa relation avec ses parents qui donnera d'ailleurs lieu à une très belle scène père/fils, et par la manière dont il oscille entre son envie d'avancer et son sentiment de culpabilité qui le pousse à renoncer à renouer un jour avec le bonheur.

Mais j'ai encore été plus émue par Georges, son passé, sa gentillesse, sa bienveillance, son absence de haine malgré les circonstances, et sa capacité à veiller avec une absolue tendresse et abnégation sur sa petite-fille, seule famille qui lui reste. J'ai regretté de ne pas avoir plus de Georges dans ce roman comme j'ai regretté que Madeleine ne soit pas plus présente, ayant eu un coup de coeur pour ces deux personnages. J'ai adoré cette presque cinquantenaire qui, jusqu'à l'accident, ne vivait que pour sa carrière d'attachée de presse et pour son employeur et ami, Francis.

Ces derniers ont noué au fil des ans une magnifique relation de confiance et une belle complicité, mais cela ne remplace pas la joie d'avoir quelqu'un et une famille à ses côtés. L'accident va pousser Madeleine à reconsidérer sa vie, sa solitude qui lui broie de plus en plus le coeur, et à se lancer sur la piste d'un bonheur qu'elle ne pensait plus possible à son âge. Un bonheur bâti sur un énorme mensonge qui m'a mise extrêmement mal à l'aise, mais qui n'a pas entaché mon affection pour cette femme profondément gentille, consciencieuse, intelligente, altruiste et généreuse. Il est difficile de comprendre son choix, mais impossible également de le condamner !
Aliénor ou le souffle du renouveau…

Quant à Aliénor, elle vient petit à petit se greffer à l'histoire, d'abord en parallèle, puis de manière bien plus étroite. Cette jeune femme a quitté son appartement parisien, sa thèse et ses ami(e)s pour Nice où elle a trouvé un poste de vendeuse de glaces dans un commerce tenu par une main de fer par une femme qui aime son métier et ses clients. Ce travail alimentaire, loin de ses aspirations artistiques, lui permettra néanmoins de rencontrer de nouvelles personnes, de panser son âme, et lui laissera le temps de s'adonner à sa passion de la peinture. Nice est d'ailleurs un endroit de choix pour les âmes artistiques ! À cet égard, j'ai adoré le regard qu'Aliénor porte sur la ville, ses paysages, son atmosphère… un regard qui sera complété par celui d'un autre artiste qui capte et fige des instants et des détails non pas sur des tableaux, mais des photos.

L'autrice auréole son héroïne d'un voile de mystère, mais pour ma part, j'avais assez vite deviné les raisons de sa fuite à Nice, même s'il y a un petit détail qui était difficilement devinable. J'ai peut-être eu un peu moins d'affinité avec ce personnage qui a du mal à faire tomber sa carapace, mais j'ai apprécié sa sensibilité à fleur de peau, et la manière dont elle va faire de son mieux pour avancer malgré ses peurs. Dans cette reprise en main de son destin, des rencontres et plus particulièrement l'une d'entre elles joueront un rôle certain…

Marie Joudinaud nous propose donc ici des personnages profondément humains et imparfaits, avec leurs aspérités, espoirs et doutes, des personnes affectées par la vie, mais pas brisées. Une galerie de personnages variée pour laquelle on développe empathie et attachement, la plume de l'autrice ayant ce quelque chose de chaleureux et doux qui donne envie de croire en un avenir heureux pour chacun.

En conclusion, contrairement à ce que la mise en place du roman pourrait laisser craindre, Comme des éclats de toi ne tombe jamais dans le larmoyant ni le tout banal. Il offre plutôt des étincelles de vie, des moments d'humanité, et des personnages qui apprennent aux côtés les uns des autres à surmonter leurs blessures pour se (re)construire. Deuil, résilience, culpabilité, pardon, mais surtout amitié et amour forment le fond d'un roman qui ouvre une belle porte vers l'espoir et la vie, et rappelle la magnifique capacité des hommes à avancer malgré les épreuves. Optimiste, chaleureux et tendre, un bel hommage à une jeune femme partie trop tôt qui laissera néanmoins en chacun des lecteurs et des personnages, des éclats d'elle.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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