AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Flodopas78


Lire Lilas rouge est une expérience littéraire forte et rare. Peu de romanciers actuels savent articuler avec autant d'habileté la richesse d'une langue et la complexité d'une intrigue qui repose essentiellement sur la densité psychologique des personnages et la présence habitée de la nature.

1940. Autriche. Ferdinand Goldberger, chef de section du parti nazi, quitte précipitamment l'exploitation familiale avec sa fille Martha. Son fils, Ferdinand, est au front. Les premières pages du roman s'ouvrent sur l'arrivée du père et de sa fille blottie au fond d'une carriole qui contient tout leur effets personnels. Ils traversent le village de Rosental puis prennent possession de la ferme qui leur a été attribuée par le Gauleiter en compensation de la perte de leurs biens. Seul témoin de leur arrivée, le jeune Franz, simple d'esprit, déboule tout excité dans l'auberge du village pour communiquer cet événement inhabituel mais ses gestes et ses mimiques ne sont compris de personne. L'arrivée de la famille Goldberger à Rosental commence sur une incapacité à communiquer qui habitera tout le roman. Celui-ci est avant tout la chronique d'une famille marquée par les non-dits et la culpabilité du père, à l'image de l'Autriche qui a apposé le silence sur son passé nazi. Cette culpabilité non avouée, exacerbée par la malédiction lancée par son beau-frère peu avant le mariage de Martha, va peser inexorablement sur sa descendance et se distiller tel un poison dans les relations familiales, malgré une exploitation florissante enviée par les voisins. En contrepoint se dresse la nature, somptueuse, féconde, symbolisée par le parfum riche et puissant des lilas, fleurissant chaque année au printemps, et accompagnant chaque personnage comme un leitmotiv. le paysage se déploie, au fil des saisons, souverain, immuable, théâtre de la folie des hommes et de leur incapacité à vivre heureux.
Pour conclure, je citerai Betty, le personnage principal du roman de Tiffany McDaniel qui, dans un autre contexte et dans un style différent, parle également de malédiction. « Il n'y a jamais eu de malédiction, Lint. Il n'y a rien de surnaturel dans les épreuves sui surgissent dans notre existence. Il n'y a que notre peur qu'elles le soient. J'en ai assez de craindre qu'une malédiction pourrait m'empêcher de vivre ma vie».

Commenter  J’apprécie          1365



Ont apprécié cette critique (30)voir plus




{* *}