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Critique de SophieLesBasBleus


Comment ne pas être émue par cette silhouette chaplinesque qui rejoint son lugubre logement d'Arcueil et sa féroce solitude ? de quelles vilaines pluies le parapluie noir qu'il n'ouvre jamais est-il censé le protéger ? Après la mort d'Erik Satie, ses amis entrent avec stupéfaction et accablement dans la pauvre chambre où il s'est caché pendant 27 ans. A partir de cette découverte, Stéphanie Kalfon brode une rêverie que scandent les indications fantaisistes que le musicien notait sur ses compositions. Une rêverie qui joue avec les éléments biographiques et nous fait pénétrer l'impénétrable, la part irréductible et mystérieuse d'un homme, d'un créateur exilé dans son temps. L'humour conjugué à la tristesse aboutit à l'absurde d'une existence que seule la mort rend visible. Il y a quelque chose de désespérant là-dedans, que l'ironie permet de désamorcer.
Je garde une impression de malaise après ma lecture de ce roman. Quelques petits trucs qui m'empêchent d'y adhérer complètement. Tout d'abord, il m'a semblé que l'auteur tirait fort sur le fil du pathétique, presque du larmoyant. C'est réussi, d'ailleurs : j'ai souvent eu les larmes aux yeux ! Mais ce qui me gêne surtout c'est que le point de vue adopté se donne pour biographique alors qu'il est et ne peut être qu'interprétation et reconstruction romanesque. La démarche qui utilise des fragments de la main du musicien, sortis de leur contexte, des évènements avérés de sa vie, comme venant authentifier le roman, alors que d'autres sont occultés, me paraît assez discutable. le risque étant que l'on superpose complètement le musicien et son personnage. Quelle importance? me direz-vous. C'est un peu de la manipulation des faits, non ? Et, pour moi, ce n'est pas nécessairement rendre hommage à un créateur que de l'ériger en mythe, car alors la fable prend le pas sur la création et l'oeuvre s'efface peu à peu derrière les images d'une trajectoire dramatique. le mythe de l'artiste maudit est extrêmement fécond et "Les parapluies d'Erik Satie" s'y nourrit d'une manière originale et touchante. C'est un beau roman... dans lequel je me refuse à voir le reflet de l'existence réelle d'Erik Satie.
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