AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Matatoune


Avec ce roman au titre à rallonges, Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau, Stéphanie Kalfon décrit les méandres du ressenti d'une mère qui tombe dans une incertitude envahissante jusqu'à se perdre complétement, seule contre tous.

Une enfant se perd dans une fête foraine le jour de son anniversaire. L'inquiétude de ses parents dure jusqu'au lendemain, où on retrouve la fillette dans des sanisettes de chantier, en pleine forêt. Lorsque sa mère, Emma, retrouve sa fille, Nina, une béance psychique se crée : le doute s'immisce petit à petit et la peur s'installe. Et, Emma raconte son doute et son cheminement concernant cette nouvelle enfant qu'elle ne reconnaît pas.

De la joie attendue, le rejet se fait jour, quelque chose est mort. Ces retrouvailles n'en sont pas. Emma croit que l'enfant, de nouveau présente, est une copie, un faux, un plagiat qu'elle seule est capable de détecter, elle, la professeur des Beaux-arts, habituée aux faussaires.

Cette béance que décrit Stéphanie Kalfon qui devient au fil des pages un véritable délire paranoïaque est rapidement assez insupportable. Non seulement, le délitement de la personnalité de la mère y est disséqué. Mais, la stupeur du mari, devenant rapidement une inquiétude grandissante, prouve la désintégration de l'univers de cette famille.

Néanmoins, il y a aussi le désarroi de la petite fille qui touche énormément. Elle doit à la fois se relever du traumatisme subi. Mais aussi, elle doit donner des gages à cette mère dont le trouble devient de plus en plus envahissant, en se justifiant d'être “elle”, hier et aujourd'hui.

Et lorsque les hallucinations arrivent, le roman devient effrayant. Et les situations diaboliques s'enchaînent !

La puissance dramatique glace au fur et à mesure que le déni devient inopérant à faire comme si. Stéphanie Kalfon s'empare de cette situation, tragique; et la met en scène avec justesse et maîtrise. Ce n'est qu'à la fin que le lecteur comprend ce qui a fasciné l'écrivaine dans son cheminement littéraire.

Son talent à décrire des situations psychologiques, où le cerveau bascule dans l'irrationnel, permet de s'immerger dans un trouble que je ne connaissais pas. Et, du coup, l'horreur à posteriori est terrorisante. Car, on est loin de la rassurante théorie de la résilience.

Ce roman se lit comme en apnée. Seulement, Stéphanie Kalfon n'a pas écrit un vrai thriller. Il n'y aura ici que des cellules nerveuses qui meurent. Et, force est de constater, que notre inquiétude entoure toujours Nina ! On l'imagine adulte pouvant reproduire, à la faveur d'une situation traumatique, la même évolution qu'Emma. Terrible et angoissant !

Stéphanie Kalfon est une romancière très fine pour l'analyse des imbrications psychologiques qu'entraînent de graves traumatismes. Assurément, je vais suivre son travail !
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}